Dans le cadre de la Conférence sur les déficits publics, le ministre Éric Woerth vient d’installer le groupe de travail sur la maîtrise des dépenses locales, présidé par Gilles Carrez. Avant même d’être constitué, ce groupe avait déjà perdu son co-président. Matignon avait nommé le préfet Pierre-René Lemas, ancien DGCL, aujourd’hui directeur général de Paris-Habitat mais l’employeur de M. Lemas, le maire de Paris Bertrand Delanöe ne lui a pas donné l’autorisation de siéger. Il a donc fallu trouver un autre ancien DGCL, et c’est Michel Thenault, aujourd’hui conseiller d’État qui s’y colle.
Eric Woerth a rappelé aux membres du Groupe Carrez que les dépenses locales représentent 20 % de la dépense publique et qu’ « une vision partagée de l’évolution de la dépense locale est désormais nécessaire ». La feuille de route du groupe est précise : « réaliser un diagnostic partagé sur les facteurs qui expliquent la dynamique des dépenses des collectivités locales, et proposer des mesures susceptibles de contenir la progression des dépenses locales, » en étudiant « l’opportunité de la mise en place d’un objectif de dépense locale, dans le respect du principe de libre administration et d’autonomie financière des collectivités locales ». Le groupe doit remettre son rapport pour avril.
Vision partagée, diagnostic partagé : c’est là le premier écueil que doit affronter le groupe Carrez car les élus locaux socialistes qui ont boudé la première réunion de la conférence le 28 janvier, ne partagent pas, précisément, la vision du Président de la République. Dans cette opération, les élus locaux ne doivent pas être les Bourgeois de Calais, déjà accusés de trop dépenser et témoins impuissants d’une baisse des dotations à venir. Eric Woerth peut toujours essayer de rechercher le consensus en disant qu’il faut « dépasser les crispations actuelles entre l’État et les collectivités locales ». Nicolas Sarkozy a prévenu : la deuxième réunion de la conférence en avril donnera lieu à « décisions extrêmement importantes » et « extrêmement précises », pour l’ensemble du secteur public : collectivités territoriales, Sécurité sociale et Etat. Des déclarations préliminaires en forme d’avertissement qui n’invite guère à venir partager le diagnostic si les décisions sont déjà prises.
La photo : Les Bourgeois de Calais, par Auguste Rodin. Musée Rodin, Paris.