À la veille du week-end, les magazines s’interrogeaient : « Paris va-t-il perdre Roland Garros ? » Émoi… Le célèbre tournoi de tennis allait-il disparaître de la capitale au profit de Munich, Lyon ou Barcelone ? Non, il s’agissait seulement du maintien du site de Roland Garros à la Porte d’Auteuil ou de son déplacement au delà du boulevard périphérique, à Versailles, Marne-la-Vallée ou Gonesse. Ce dimanche, la Fédération a choisi le statu quo parisien. À l’heure du Grand Paris, ce débat paraît non seulement déplacé mais aussi ridicule. Il apporte la preuve de l’absence de gouvernance de l’aménagement francilien.
On comprend Bertrand Delanoë. Le maire de Paris ne pouvait pas se permettre de laisser filer Roland Garros hors des limites administratives – et électorales – de la capitale, au risque de donner des arguments à son opposition municipale sur l’inexorable déclin de la ville. La municipalité parisienne a donc fait flèche de tout bois pour le maintien du site du XVIème arrondissement, quitte à sacrifier une partie des serres d’Auteuil qui sont pourtant classées. La Fédération française de tennis et Bertrand Delanoë vont sûrement devoir affronter de multiples recours et le juge sera conduit à trancher. Cela devient une habitude. Quand, les responsables politiques refusent de prendre leurs responsabilités, ils laissent le juge avoir le dernier mot.
Depuis cinq ans, on nous parle du Grand Paris, mais aucune autorité de gouvernance n’a vu le jour. Si bien qu’une concurrence stérile et picrocholine s’installe entre les collectivités locales franciliennes. Vu de New-York, où l’US Open a quitté depuis longtemps Forest Hills pour prendre ses quartiers à Flushing Meadows, le débat parisien semble dérisoire. Au fait, Auteuil et Passy n’appartenaient pas à Paris, il y a seulement 150 ans. Faut-il déplacer Roland Garros sur le Champ de Mars à l’ombre de la Tour Eiffel pour en faire un événement parisien authentique ?