Name and shame

femme_au_travail_dans_une_usine_dobus.1291896779.jpgName and shame : Nommez et faites honte. C’est la méthode que préconise Michèle André, présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les femmes du Sénat pour faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie professionnelle et  les emplois de direction. Les Anglo-Saxons font régulièrement appel à cette technique du « name and shame«  (honte à celui dont le nom est inscrit) qui reste peu usitée en France et qui serait pourtant très efficace pour pointer les grandes organisations publiques ou privées qui n’ont pas encore intégré une réelle politique d’égalité entre les sexes dans leur gestion des ressources humaines.

La Direction générale de la Cohésion sociale, organisait cette semaine à Paris la première « Université de l’égalité« , mobilisant responsables publics, Etat et collectivités territoriales, sur le thème :  » Etat et collectivités territoriales, comment mieux s’engager ensemble au service de l’égalité entre les femmes et les hommes. » Pendant deux jours, les participants ont pu confronter les pratiques et faire de propositions sur tous les aspects de la politique de l’égalité : l’articulation des temps de vie, le renforcement de l’égalité professionnelle, la lutte contre les stéréotypes de genres et la lutte contre les violences faites aux femmes. Il y a là un immense chantier et une prise de conscience qui, trop souvent, reste à faire. Bien sûr tout le monde est pour l’égalité mais, dans les faits, il ne se passe pas grand chose.

Les administrations françaises, Etat et territoriales, ne sont pas en avance par rapport à d’autres pays européens qui ont bien compris l’intérêt – social et économique – d’une politique d’égalité. Pourtant des outils existent, tels que la Charte de l’égalité proposée par le Conseil des communes et régions d’Europe ou le Label égalité qu’ont adopté quelques rares collectivités françaises comme la ville de Rennes ou le conseil régional de Picardie. Beaucoup de propositions ont émergé durant l’Université de l’égalité qui seront reprises prochainement par la Direction générale de la Cohésion sociale dans le cadre d’une programmation stratégique.  La première, c’est le renforcement d’un réseau de référents sur ces politiques d’égalité, à l’échelon local et national. Une deuxième, plus originale, et qui serait, à mon avis, très efficace, est la mise en œuvre d’une conditionnalité du versement de fonds publics à des critères de respect de l’égalité, qu’il s’agisse d’appels d’offres, de convention avec une association, de subventions. Quand on a voulu, il y a quelques années, mettre en place une politique de développement durable plus ambitieuse, l’éco-conditionnalité des aides a prouvé son utilité. Pour généraliser les politiques d’égalité, une telle méthode est à encourager. Avec le Name and shame, bien sûr pour culpabiliser les responsables d’organisation publiques et privées qui ne font rien.