Décentralisons l’école primaire

En déplacement en Lozère, le Président de la République a annoncé  le gel des suppressions de postes dans les écoles primaires. « À la rentrée 2012, nous ne procéderons à aucune fermeture de classe primaire, hors baisse démographique », a assuré le chef de l’État. Sa principale opposante, Martine Aubry, trouvant tout naturel que le Président de la République gère de type de dossier, s’est réjouie : « Le président est face à un mur et, face à ce mur, il est obligé de reculer. » Les services du ministère de l’Éducation nationale, rue de Grenelle à Paris, avaient pourtant programmé 1.500 fermetures de classes primaires pour la rentrée 2011 mais devant l’opposition résolue de l’Association des maires de France, le Président de la République a tranché. Fermez le ban. Entre les arbitrages européens sur la crise grecque, l’intervention militaire en Libye et la prochaine réunion du G20, l’État central continue à régenter les créations et suppressions de postes d’instituteurs.

Est-ce bien raisonnable en ce début de XXIème siècle? Imagine-t-on le Président de la République arbitrer le nombre de postes de puéricultrices dans les crèches municipales? Trente ans après les premières lois de décentralisation en France, on sait que la gestion de proximité  est plus efficace que le pilotage par l’État de ce type de politique publique. Les communes financent et gèrent déjà l’essentiel du fonctionnement du système scolaire primaire, hors le salaire et la carrière des enseignants: locaux scolaires et leurs équipements, cantines et leurs personnels, activités péri et parascolaires et leurs animateurs. Les élus locaux sont totalement en capacité d’assumer la gestion intégrale des écoles primaires, de recruter et de gérer les enseignants dont leurs écoles communales ont besoin, d’organiser à l’échelon intercommunal des écoles en réseaux avec une meilleure affectation des moyens, avec un directeur d’école vraiment responsable, comme le préconisait l’an dernier le rapport  de Frédéric Reiss, député maire de Niederbronn-les-Bains (Bas-Rhin), en recommandant des expérimentations.

Sur ce dossier, les acteurs de l’éducation sont très conservateurs. Syndicats d’enseignants et fédérations de parents d’élèves plaident pour le statu quo, en demandant seulement plus de moyens à l’État. Quand en 2004, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a fait voter le transfert des TOS (techniciens ouvriers de service) aux collectivités territoriales, les syndicats de l’Éducation nationale avaient prédit le pire. Ces agents allaient être soumis à l’arbitraire des élus locaux et la situation ne pouvait que se dégrader. Sept ans plus tard, le bilan est au contraire extrêmement positif. Le fonctionnement actuel de nos écoles primaires piloté de la rue de Grenelle est-il si satisfaisant qu’il ne faille surtout rien changer ? Un rapport du Haut conseil de l’éducation – HCE – a révélé que 15 % des élèves sortant de l’école primaire rencontrent des difficultés importantes, notamment dans la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. Faisons confiance aux acteurs locaux pour améliorer cela. Pour autant, l’État devra continuer à fournir la norme de qualité, formation et statut des agents, respect des programmes nationaux, comme cela se pratique pour d’autres politiques décentralisées. Et ça marche.

 

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