Bâtir vert, c’est bien ; penser et utiliser vert, c’est mieux. Depuis dix-huit ans, l’Association des ÉcoMaires que préside Guy Geoffroy, député-maire de Combs-la-Ville, récompense annuellement les collectivités innovantes par une série de prix, les Trophées Éco-actions remis solennellement à l’Hôtel de Lassay à la présidence de l’Assemblée nationale. Ces Trophées Éco-actions, comme l’ensemble des concours et palmarès qui récompensent les efforts des collectivités territoriales dans un grand nombre de domaines, participent à la diffusion de bonnes pratiques. Au fil des ans, le palmarès des Trophées Éco-actions permet d’évaluer des tendances et de mesurer l’évolution des pratiques territoriales en matière de développement durable et de politiques environnementales. J’ai été frappé cette année par la dimension sociale des initiatives récompensées et par la grande qualité des projets.
Le premier prix a été décerné à la ville d’Honfleur. Ce prix a été remis au maire d’Honfleur Michel Lamarre, par Allain Bougrain-Dubourg, parrain de l’édition 2011, et par Jacques Pélissard, président de l’AMF. C’est une application parfaire de la démarche d’ “Universal Design“, la « Conception Universelle » en bon français, telle qu’elle a été théorisée par l’architecte américain Ronald L. Mace dans les années soixante. Cette crèche collective a fait l’objet d’une construction HQE (haute qualité environnementale), a obtenu les labels HQE, HPE et green light. On y a installé des panneaux photovoltaïques, une chaufferie à bois et une ventilation double flux. Dans la conception des bâtiments, rien n’a été oublié : matériaux de construction naturels, luminosité naturelle. Des lampes basse consommation et des modulateurs automatiques complètent ce projet. L’eau de pluie est récupérée pour l’arrosage et la présence d’arbres fruitiers offre un cadre agréable aux enfants. On utilise des couches lavables et des produits d’entretien simples et naturels, ou éco-certifiés pour l’entretien des locaux. Mais le plus important est ailleurs.
La véritable innovation a été l’appropriation de principes écologiques par les usagers de la crèche, les personnels et les familles. On a réfléchi à l’ergonomie des équipements pour le personnel et les enfants, à leur utilisation au quotidien. Plus globalement, le projet de fonctionnement de la crèche a été élaboré explicitement en partant d’une définition de l’écologie humaine comme « être respectueuse de l’enfant et sa famille ». Enfin, on a mis au coeur du projet une démarche inclusive d’insertion professionnelle à la fois directement pour le personnel (formation interne et externe) et pour de futures professionnelles (stagiaires et apprenties). Ainsi, récemment, deux agentes d’entretien en contrat aidé ont été accompagnées en interne et ont obtenu le C.A.P. petite enfance. Elles travaillent désormais à plein temps auprès des enfants.
En France, l’Universal Design est trop souvent limité aux problématiques d’accessibilité des bâtiments, alors qu’il faut penser la conception universelle autour de la notion d’usage des équipements, de bien-être de tous et dans une démarche inclusive. La France, comme 105 autres pays, a ratifié la convention de l’ONU de décembre 2006 promouvant la conception universelle. Cinq ans plus tard, les acteurs locaux tardent à s’emparer de cet outil. La fondation “Design for all Foundation“ en donne cette définition intéressante : « c’est la conception d’environnements, produits et services afin que toutes les personnes, futures générations incluses, sans distinction d’âge, de genre, de capacité ou d’origine culturelle, puissent avoir les mêmes opportunités de comprendre, d’accéder et de participer pleinement aux activités économiques, sociales, culturelles et de loisirs, de manière la plus indépendante possible. »