Les agglomérations françaises ne sont pas des îles

 

Les agglomérations françaises sont dans une économie de flux. Dans le cadre du Club des agglos de l’AdCF (Association des communautés de France qui fédére les structures intercommunales), une étude très originale a été présentée sur les dynamiques  socio-économiques des 212 plus grandes agglomérations françaises, analysant une série de paramètres, de données statistiques et leur évolution sur dix ans : création d’entreprises et d’emplois,  revenus fiscaux, notamment.

Premier enseignement : la croissance économique locale ne génère pas toujours du développement. C’est la différence entre les États et les collectivités territoriales. Ainsi l’étude montre-t-elle des agglos spécialisées dans la production concurrentielle qui en tirent une part significative de leur richesse mais n’en bénéficient qu’assez peu sur le plan social. Inversement, le géographe Laurent Davezies avait déjà montré que le développement de certains territoires résulte de mécanismes de transfert de revenus (retraites, salaires de la fonction publique, dépenses touristiques et consommation…). Autre constat : la création d’emplois n’induit pas forcément une baisse du chômage.

L’étude montre surtout que la richesse produite par les agglos irrigue les territoires voisins. Il y a une fonction redistributive évidente. « Nous sommes dans une aire de solidarité plus large que notre collectivité », résume Patrick Braouzec, président  de la communauté d’agglomération Plaine commune en Seine-Saint-Denis. Seulement, 68 agglos sur 212  présentent un solde positif par rapport aux transferts de masse salariale des salariés pendulaires qui travaillent sur un territoire et dorment dans un autre. Globalement, le solde est négatif mais la richesse revient dans l’agglomération par la consommation.  » Les pôles urbains sont des machines à produire et à redistribuer », analyse Olivier Portier qui a coordonné l’étude pour le cabinet OPC. Le maire de Rennes, Daniel Delaveau, président de l’AdCF, insiste sur l’importance de l’articulation entre les territoires : « À partir du moment où on parle de flux, il faut parler de réseau et de l’armature urbaine d’une région. »

Si les agglos sont dans une économie de flux, je pense qu’il faut aussi en tirer les conséquences pour leurs ressources. La fiscalité locale actuelle n’est pas adaptée à cette économie de flux et les mécanismes de péréquation ne suffisent pas à corriger une base archaïque. Alors, pourquoi ne pas explorer la piste d’une ressource fiscale locale assise sur la consommation ? Une part de TVA pour les agglos ? Ce serait  cohérent. À défaut on pourra toujours rétablir l’octroi à l’entrée des agglos…

Illustration : barrière d’octroi de Sèvres à Paris au XVIIIème siècle.

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