La filiale de courtage d’assurance de Dexia Crédit local, Sofaxis-Sofcap, se taille ce matin son quart d’heure de célébrité annuel en publiant une étude sur l’absentéisme dans les collectivités territoriales qui a progressé de 17 % entre 2007 et 2011. Bruit médiatique garanti, à tous les coups on gagne. Les résultats de l’étude annuelle sont largement repris par la presse économique et grand public pour stigmatiser les tire-au-flan du secteur public local. Faisons crédit aux assureurs de la filiale de Dexia, des professionnels sérieux qui couvrent le risque statutaire, de n’avoir aucune intention maligne en publiant très largement les résultats de leur étude mais l’effet dévastateur et récurrent de cette étude, les commentaires extérieurs qui l’accompagnent, placent à tort les collectivités et leurs personnels en situation d’accusé. Certes, les responsables de Sofcap précisent que la hausse de l’absentéisme s’explique en partie par le vieillissement de l’âge moyen des agents territoriaux et par la pénibilité des métiers techniques, que l’augmentation du temps de travail consécutif au recul de l’âge de départ à la retraite pèse sur les absences, notamment celles liées aux risques longs – longue maladie, maladie professionnelle. Mais seuls les quelques courageux qui voudront lire l’étude le sauront. Les autres, tous nos concitoyens qui se lèvent tôt et entendent cela à la radio dans leur salle de bain ou le lisent dans leur quotidien gratuit en allant au boulot, seront confortés dans les stéréotypes d’une fonction publique peu productive qui coûte cher à la Nation.
Je travaille avec l’Observatoire social territorial créé par la MNT, la Mutuelle nationale territoriale, qui produit régulièrement des études afin de mieux faire connaître l’environnement social des agents territoriaux. Cet Observatoire Social Territorial vient de publier une étude passionnante sur l’emploi des seniors dans les collectivités, réalisée en partenariat avec l’INET (Institut National des Études Territoriales) et l’AATF (Association des Administrateurs Territoriaux de France). Cette étude est fondée sur un travail d’analyse documentaire et sur une série d’entretiens, et a été menée par un groupe d’élèves-administrateurs de la promotion Salvador Allende, de l’INET. Cette étude téléchargeable librement fera l’objet d’un débat dans le cadre du congrès de l’AATF à Rennes le 21 juin. Les auteurs de l’étude rappellent que dans la fonction publique territoriale, les agents de plus de 50 ans, représentent 32,6 % des effectifs contre 20 % dans le secteur privé. Beaucoup d’agents de catégorie C qui ont des métiers physiques subissent une usure professionnelle qui rend la période de fin de carrière très sensible. Parmi les cadres de catégorie A, les départs en retraite sont de plus en plus tardifs. L’objectif très constructif de l’étude de l’Observatoire social territorial est de proposer un véritable guide managérial aux collectivités, s’appuyant sur un état des lieux très poussé, afin de les aider à mettre en place une stratégie globale pour gérer et anticiper les fins de carrière de ses agents. A la différence d’autres employeurs, les collectivités territoriales ne font pas de plan social pour virer leurs seniors par des mécanismes de préretraite qui déguisent des licenciements. Elles gardent leurs agents jusqu’au bout et même quand ils veulent jouer les prolongations.
Dans les semaines prochaines, au lendemain des élections législatives, la France va rentrer dans un grand débat sur la diminution impérative des dépenses publiques, puis à la rentrée de septembre, ce sera la préparation de la nouvelle réforme de décentralisation. Ce serait faire œuvre utile d’éviter d’entrer dans ces débats en alimentant, volens nolens, des stéréotypes injustes sur la fonction publique territoriale.