Adapter la société au vieillissement de la population

Les automobilistes âgés auront-ils demain un macaron sur leur voiture pour les signaler à notre vigilance, comme cela se pratique déjà au Japon, pays précurseur qui a déjà dû s’adapter au vieillissement de sa population ? Comment mieux prendre soin des aînés dans la cité ? « Vieillir demain : décider notre avenir aujourd’hui » : c’était le thème du congrès de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS) qui vient de réunir à Marseille 1.300 congressistes, élus locaux et cadres territoriaux. Les CCAS sont en première ligne pour la prise en charge des personnes âgées à travers les structures d’hébergement, l’organisation de soins, des services à domicile ou tout simplement de la lutte contre les précarités. La dernière édition du baromètre de l’action sociale locale réalisé par l’UNCCAS et le mensuel Gazette Santé-Social, qui mesure la perception de l’évolution des demandes d’aide enregistrées par les responsables des CCAS, montre que la précarisation des personnes âgées qui s’adressent aux CCAS s’accentue. Plus de 60% des CCAS voient augmenter les demandes d’aides de personnes âgées isolées et-ou disposant de moins de 1.100 euros par mois. Un cinquième des CCAS évoquent en outre l’augmentation des troubles psychiatriques et des situations de handicap parmi les personnes âgées.

« Le vieillissement est un processus très inégalitaire », explique le Dr Olivier de Ladoucette, psycho-gériatre à La Pitié Salpetrière, président de la Fondation pour la recherche sur Alzheimer. Il a développé un modèle psycho-social du vieillissement : pour vivre longtemps, il faut d’abord naître au bon endroit, éviter la maladie, faire bouger son corps, garder son cerveau en éveil en le stimulant, et rester relié aux autres par un engagement social, voire un travail spirituel personnel.  À partir de cela, ce spécialiste différencie l’âge psychologique, l’âge social, l’âge intellectuel, l’âge émotif et l’âge subjectif.  En 2060, les personnes âgées de plus de 80 ans représenteront, sur une population française totale estimée à 73 millions d’habitants, plus de 7 millions d’individus (soit 10 % de la population totale contre 4,5 % actuellement). Face à cette réalité démographique du vieillissement, quelle place occupent aujourd’hui les seniors dans nos cités ? Comment valorisons-nous et profitons-nous de leur utilité sociale ? Comment encourager leur engagement citoyen et organiser le lien et l’entraide entre les générations ? Comment appréhender des phénomènes comme la précarisation des personnes âgées ? Pour l’UNCCAS, la politique en direction des seniors doit être transversale, multi dimensionnelle. Elle doit intégrer tous les aspects de la vie dans la cité Le principal enjeu est de permettre aux personnes âgées de vieillir dans de bonnes conditions aujourd’hui et demain

Présente au congrès de l’UNCCAS, Michèle Delaunay, ministre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’autonomie, préfère parler d’avancée en âge que de vieillissement. Pour la préparation du futur projet de loi « Autonomie », elle vient d’installer trois missions. La ministre a d’abord confié une mission au comité « Avancée en âge : prévention et qualité de vie », présidé par le Dr. Jean-Pierre Aquino. Ce comité doit procéder à un état des lieux et à une synthèse des bonnes pratiques en matière de prévention afin de favoriser leur diffusion. Il doit formuler des propositions pour mieux coordonner les acteurs, tant au niveau local que national. Une mission parlementaire de comparaison internationale est confiée à Martine Pinville, députée de Charente. Elle portera sur la prévention et l’adaptation au vieillissement dans d’autres pays. Son objectif sera d’identifier les bonnes pratiques, notamment au Québec, en Suède et en Espagne. Par ailleurs, Luc Broussy, conseiller général du Val d’Oise, s’est vu confier une mission sur « l’adaptation de la société au vieillissement ». Cette mission a déjà commencé à travailler sur les problématiques d’habitat, d’urbanisme et de mobilité. Le logement est au centre des réflexions. Entre le maintien à  domicile et des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), devenus « les plus grands centres de soins palliatifs », selon Olvier de Ladoucette, où les personnes arrivent de plus en plus tard avant de mourir, il faut imaginer d’autres formes d’hébergement et des parcours résidentiels. Dans une société qui vieillit, les problématiques d’accessibilité et de normes pour les logements ou les transports prennent aussi une acuité qui nous concerne tous, pas seulement comme citoyens, mais aussi, personnellement, pour nos proches et pour nous-mêmes.

 

2 commentaires sur “Adapter la société au vieillissement de la population

  1. Je suis d’accord avec le Dr Olivier de Ladoucette, bien vieillir ça commence effectivement dès le jeune âge. Ce n’est qu’en gardant une bonne relation avec le corps et l’esprit (le social) que l’on peut espérer une belle vieillesse.

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