Dans le cadre du SIMI qui s’est tenu cette semaine au Palais des congrès de Paris, une journée de débats était spécialement dédiée aux élus locaux d’Ile-de-France et des grandes villes de France, dans le cycle de conférences intitulé « Stratégie urbaine ». Ce rendez-vous MET.2030 était organisé en partenariat avec l’Association des Maires d’Ile-de-France (AMIF) et l’Association des Maires de Grandes Villes de France (AMGVF). MET, comme métropole. Et 2030, horizon prospectif pour une France qui comptera plus de 73 millions d’habitants de plus en plus citadins. Comment réussir la ville intense et relever le défi de la « compacité » de l’espace urbain ? Comment faire aimer la ville en réalisant des métropoles qualitatives, agréables à vivre, productrices de services intelligents et de nouveaux modes d’urbanité ? Les élus franciliens engagés dans la dynamique du Grand Paris comme les maires de grandes villes de France, porteurs de projets métropolitains, ont pu répondre à ces questions, à 15 mois des élections municipales. Pour eux, pas question d’opposer l’Ile-de-France et les autres métropoles françaises. À l’échelle planétaire leur destin est lié et tous les systèmes urbains français sont en réseau entre eux, se jouant même souvent des frontières administratives dans les territoires vécus par les habitants, comme l’a bien montré Stéphane Joly, vice-président de Reims Métropole qui travaille à la création d’un pôle métropolitain de 10 agglomérations. On a besoin de métropoles fortes pour le développement de la France. Attention de ne pas les affaiblir demain avec des schémas prescriptifs portés par les conseils régionaux, prévient Catherine Trautmann, vice-présidente de la communauté urbaine de Strasbourg.
Comment faire aimer la ville, métropoles régionales et villes denses du Grand Paris ? La réponse des élus est essentiellement qualitative. Michel Destot, député maire de Grenoble, président de l’AMGVF, insiste sur le projet de territoire, sur la mobilité, quand les temps de parcours sont plus importants que les kilomètres dans la nouvelle géographie territoriale. Gérard Rongeot, vice-président de la communauté urbaine de Nancy, met l’accent sur les outils de la gouvernance métropolitaine associant l’ensemble des acteurs pour réaliser des projets concrets au bénéfice des utilisateurs de l’espace urbain. Michel Teulet, maire de Gagny, président de l’AMIF, n’hésite pas à parler du bien-être des habitants. Pour lui, la qualité de la mobilité urbaine, des transports, est une pièce essentielle de ce bien-être. La densification de l’espace urbain est une nécessité mais il faut travailler sur la qualité de l’espace public. Comment lutter contre le développement des aires urbaines en tache d’huile alors que la Grande Conférence environnementale a prévu de limiter fortement l’artificialisation des sols ? Pour Nicolas Buchoud, urbaniste, directeur de Renaissance Urbaine, co-fondateur du Cercle Grand Paris de l’Investissement Durable, il y a un nouveau modèle urbain à inventer. Autour des 72 futures gares du métro Grand Paris Express, des contrats de développement territorial (CDT) signés entre l’Etat et les villes vont traduire les objectifs du Grand Paris en matière d’urbanisme, de transports et de déplacements, de lutte contre l’exclusion sociale, de développement économique, sportif et culturel, de protection des espaces. Un million de Franciliens supplémentaires sont attendus d’ici 2025. 70.000 constructions annuelles de nouveaux logements sont prévues en visant une part de 30 % de logement social dans le parc à l’horizon 2030.
Marie-Hélène Lopez-Jollivet, maire de Vernouillet, invite à dépasser les stéréotypes, l’idéal pavillonnaire et les phantasmes, pour trouver une urbanité renouvelée. Il faut tirer les leçons du vote extrême enregistré aux dernières élections dans la grande banlieue pavillonnaire. Comment vivre dans ces territoires où le seul lieu collectif serait le centre commercial autour de l’hypermarché? Philippe Doucet, député maire d’Argenteuil, dénonce les tabous, dès qu’on projette de construire des immeubles de plus de sept étages. Il invite à regarder les exemples réussis dans d’autres villes d’Europe d’habitat collectif. Gilles Catoire, maire de Clichy, plaide pour une ville riche de ses mixités, de son histoire, de la rencontre de ses habitants. N’ayons pas peur de la denstité urbaine. Le président des maires d’Ile-de-France, Michel Teulet, rappelle à juste titre que le territoire urbain le plus dense de France se trouve dans le XVIème arrondissement de Paris.