Départements : la tectonique des plaques

Le département du Rhône va-t-il disparaître au profit de la grande métropole lyonnaise ? Loir-et-Cher, Loiret et Eure-et-Loir, fusionneront-ils un jour ? Alors que le gouvernement met la dernière main à son projet de loi sur la décentralisation, les présidents de conseils généraux s’activent. Les territoires départementaux commencent à bouger dans une tectonique dont on perçoit les premiers mouvements. La RCT de 2010 (loi du 16 décembre 2010 portant réforme des collectivités territoriales,) qui prévoyait la création du conseiller territorial a été abrogée par la nouvelle majorité présidentielle mais le travail entrepris pour progresser sur des schémas de services, des mutualisations entre départements et avec les autres niveaux de collectivités commence à porter ses fruits. Les régionalistes présentent souvent les conseils généraux comme des citadelles conservatrices qui ont fait échouer toutes les réformes de décentralisation. Les présidents de conseils généraux sont cette fois à la manœuvre et prennent des initiatives.

Avant l’acte III, l’acte des 3 : c’est par cette formule que les présidents des trois conseils généraux d’Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et du Loiret, ont annoncé l’accord d’union de leurs départements pour en renforcer l’attractivité, améliorer le service rendu aux citoyens, et préparer les territoires de demain. Ces départements regroupent 1,4 millions d’habitants, soit près de 60 % des citoyens de la région Centre, soulignent les présidents signataires qui souhaitent expérimenter et mutualiser leurs moyens. Plusieurs priorités se dégagent de ce projet d’union : déploiement du très haut débit et usages numériques ; soutien aux pôles de compétitivité, gestion des financements européens. La gestion des infrastructures de transport fait partie des politiques publiques qui seront partagées. On n’en est pas à une fusion mais les trois départements veulent progresser concrètement dans leur collaboration. La région Centre présidée par François Bonneau (PS) comprend six départements. Les trois présidents signataires appartiennent tous à l’opposition : Albéric de Montgolfier (UMP, Eure-et-Loir), Maurice Leroy (UDI, Loir-et-Cher), et Éric Doligé (UMP, Loiret). Les autres départements sont l’Indre présidée par Louis Pinton (UMP), le Cher présidé par Alain Rafesthain (PS) et l’Indre-et-Loire présidée par Frédéric Thomas (PS) qui a succédé à Marisol Touraine.

Les Alsaciens ont franchi, eux, une étape importante le 24 novembre quand les conseillers généraux  du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, et les conseillers régionaux d’Alsace, réunis en congrès à Strasbourg, ont approuvé à une très grande majorité (108 pour, 5 contre, 9 abstentions)  la résolution pour la création de la Collectivité territoriale d’Alsace qui doit réunir dans une collectivité unique les deux départements alsacien et la région. Un référendum est prévu pour le 7 avril 2013.

L’annonce la plus spectaculaire est venue de Lyon. Le 4 décembre, les présidents du Grand Lyon et du conseil général du Rhône, Gérard Collomb (PS) et Michel Mercier (UDI), ont présenté ensemble le projet de transformation de l’actuelle communauté urbaine de Lyon en « métropole européenne », en intégrant les compétences départementales. Les deux parlementaires veulent créer rapidement une « euro-métropole », avec pour cela une réforme législative spécifique qu’ils espèrent faire adopter rapidement pour entrer en application en 2014. Le Grand Lyon regroupe 58 communes, 1,2 million d’habitants. Dans le projet présenté par les deux élus, le Grand Lyon récupérerait toutes les compétences du conseil général sur son territoire. Notamment l’aide sociale, les collèges, la petite enfance et les handicapés. Le département du Rhône conserverait ses compétences sur le Beaujolais et les Monts du Lyonnais. Pour autant, « ce ne sera pas un département croupion », déclare Michel Mercier. Le futur Rhône comptera 435.000 habitants (pour 1,35 million d’habitants au Grand Lyon), soit le 6ème département de Rhône-Alpes, devant la Savoie et l’Ardèche, et un revenu en milieu rural (26.000 euros) supérieur à celui de l’agglomération urbaine. » Son siège resterait à Lyon.

Ces trois initiatives concernent seulement six départements. Que font les autres ? Les conseils généraux d’Eure et de Seine-Maritime vont-ils renforcer la coopération amorcée dans le cadre de l’initiative 276, les départements d’outre-mer de Guyane et Martinique iront-ils au bout du processus d’assemblée unique ? Il faut suivre avec intérêt ces évolutions qui viennent des territoires eux-mêmes. Reste à savoir comment la future loi les prendra en compte et les entérinera.

Illustration (Le Progrès-Augros) : Le 3 décembre, en marge du Sommet franco-italien qui se tenait à Lyon, Gérard Collomb et Michel Mercier, avaient informé le Président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, de l’imminence de leur annonce.

 

 

 

 

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