Les entreprises à la recherche de l’intérêt général

Si aujourd’hui tout le monde sait bien à quoi sert une entreprise, on a plus de difficultés à définir ce qu’est l’intérêt général. Les frontières sont devenues poreuses. Le secteur public n’aurait plus le monopole de l’intérêt général. Sa prise en compte par les entreprises ne serait pas qu’un artifice de communication mais leur intérêt bien compris, à travers leur responsabilité sociale, la satisfaction de ses clients et la bonne santé de l’environnement dans lequel elle évolue. L’intérêt général peut aussi être au cœur de ses métiers quand il s’agit d’entreprises qui exercent des missions d’intérêt général. Ce livre d’entretiens, Intérêt général, Que peut l’entreprise ?,  coordonné par le sociologue Julien Damon, est construit à partir d’une série de dialogues entre des responsables d’entreprise et des décideurs publics qui sont à la recherche du sens de l’intérêt général et conscients de leurs responsabilités sociales.

Ces dix dialogues sont divers mais tous très instructifs. Le patron de Veolia parle d’entreprise et pauvreté avec la magistrate Nicole Maestracci qui était présidente de la FNARS, la Fédératon nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (nommée récemment membre du Conseil constitutionnel). Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, échange avec le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, sur le thème entreprise et territoire. La directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère, débat avec Jean-François Pilliard, président de l’Union des industries de la métallurgie à propos de l’entreprise et du service public. Protection sociale, formation, diversité, insertion, qualité de vie, démocratie et santé sont les autres thèmes abordés dans les dialogues de ce livre qui sont tous de bonne qualité, loin des stéréotypes.

En introduction, Julien Damon, estime que « RSE et développement durable, avec leurs incarnations variées, comptent assurément parmi les défis fondamentaux de l’entreprise du XXIe siècle, que cela soit légitime ou forcé ». Il remarque qu’ »en termes d’intérêt général, le secteur public et ses agents n’ont pas le monopole de la vertu, tout comme le secteur privé et ses dirigeants n’ont pas celui du vice. La période est à l’hybridation croissante entre un secteur privé qui se publiscise et un secteur public qui se privatise dans le cadre, par exemple, du développement des délégations de service publics et des partenariats public-privé ». Il n’est donc pas étonnant qu’on trouve surtout dans ce livre des dirigeants d’entreprises publiques ou délégataires de service public.

Ouvrage dirigé par Julien Damon, sociologue, professeur associé à l’IEP de Paris, dirigeant de la société Éclairs. Membre du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur les politiques publiques sociales et la lutte contre l’exclusion parmi lesquels Éliminer la pauvreté (PUF, 2010), Des villes à vivre (Odile Jacob, 2010), L’exclusion (Que sais-je ? PUF, 2008), La Question SDF. Critique d’une action publique (PUF, 2002).

Éditions Les Belles Lettres. Collection Manitoba. 174 pages. 19,50 €
ISBN : 978-2-251-44903-6

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