Quel âge aurez-vous en 2035 ? Cette date est l’horizon que nous proposent les auteurs d’une note d’analyse du C.A.S. (Centre d’analyse stratégique, l’ex-commissariat général au Plan qui devrait à nouveau changer d’appellation prochainement pour devenir le Commissariat à la stratégie et à la prospective) sur le thème « Comment la ville peut-elle accompagner le vieillissement en bonne santé des aînés ? ». En 2035, les personnes ayant 60 ans ou plus devraient représenter 31 % de la population française et celles âgées de plus de 75 ans, 13,6 % (contre respectivement 21 % et 8,5 % en 2007). Le nombre de personnes âgées dépendantes augmentera d’un tiers. L’adaptation de l’espace urbain, au-delà de celle du logement, est donc indispensable pour répondre à cette évolution.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé en 2010 le réseau “Villes-amies des aînés”. En France, une dizaine de villes de tailles diverses (Angers, Besançon, Dijon, Lille, Limonest, Lyon, Rennes, Nice, Quimper…) ont été certifiées membres du réseau, elles ont réalisé un audit urbain qui répertorie les points à améliorer pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées. Aujourd’hui, ce réseau de l’OMS rassemble plus d’une centaine de villes, réparties dans dix-huit pays. En Europe, au Japon ou en Amérique du Nord, des initiatives sont prises pour l’inclusion sociale des aînés et l’aménagement de l’espace urbain. Les responsables territoriaux français devraient systématiquement intégrer cette dimension dans leurs projets. Quelles sont les principales caractéristiques d’une ville adaptée à une population vieillissante ? C’est idéalement une ville dense, qui réalise de multiples “microadaptations” pour assurer une libre circulation des usagers, qui incite les aînés à être en activité, à rester en bonne santé et à participer aux projets de transformation des villes, répondent les auteurs de la note du C.A.S., Catherine Collombet et Virginie Gimbert. Elles recommandent de mettre en place au niveau des villes et des intercommunalités une démarche dynamique de “micro-adaptations” (voirie, transports, mobilier urbain, accessibilité et caractère accueillant des commerces et services). La participation des aînés est essentielle pour identifier les adaptations nécessaires.
L’aménagement urbain doit être orienté pour permettre à la personne âgée d’être mobile et de participer à des activités sociales le plus longtemps possible. Cela concerne un accès facilité aux services de proximité, aux soins, des transports et des aménagements de voirie mieux conçus. Cela peut passer aussi par un recensement des zones favorables au vieillissement où les bailleurs pourront mener des opérations d’adaptation des logements et ne pas craindre la densification de l’habitat. Pour l’instant en France, il n’y a pas comme aux Etat-Unis de lobbies de vieux très puissants qui mettent au pas les pouvoirs publics. Si rien n’est fait, ce lobby s’organisera chez nous. Mais avant d’arriver là, prenons simplement conscience que nous sommes tous concernés, c’est du moins ce que je vous souhaite : bien vieillir dans nos villes.