Regardez et écoutez cette vidéo. Elle commence à faire un buzz incroyable auprès des aficionados de l’innovation sociale. Que dit l’orateur, l’essayiste américain Benjamin Barber, dans cette conférence Ted prononcée récemment, en prémices de la parution de son livre If Mayors Ruled the World: Dysfunctional Nations, Rising Cities qui sort en ce moment ? Benjamin Barber nous dit, qu’en ce début de XXIème siècle, nos organisations étatiques sont dépassées. Dans un monde globalisé qui ignore les frontières, il y a encore un modèle de démocratie qui fonctionne bien et Barber propose “de commencer à parler de villes. Parce que quand nous parlons de villes, nous parlons des institutions politiques dans lesquelles les civilisations et les cultures sont nées. Nous parlons du berceau de la démocratie. Les villes sont les plus anciennes et les institutions les plus durables“. Et Barber développe ses idées à partir de la nouvelle civilisation urbaine qui émerge aujourd’hui : “Trois personnes sur quatre vivent aujourd’hui dans les villes. Les villes sont vraiment nous, nous sommes devenus une espèce urbaine, et peut-être qu’il est temps pour les maires de dominer le monde ».
Eloge des maires : ils ont des cotes de popularité bien plus élevés que les responsables politiques nationaux parce qu’ils sont obligatoirement pragmatiques. Seulement 18 % des Américains font confiance aux membres du Congrès américain, le président a une cote de confiance de 44 % quand celle des maires est de 65 %. De notre côté de l’Atlantique, les résultats sont semblables. Pourquoi les maires surpassent-il les élus nationaux ? Réponse de Benjamin Barber : “ce ne sont pas des idéologues, ils s’intéressent à la collecte des ordures avant la collecte des votes pour leurs partis. Ils assurent la circulation de l’eau plutôt que de la circulation des armes . Ils promeuvent l’éducation et la culture plutôt que la défense nationale et le patriotisme“. Et de rappeler la formule de plus célèbre maire de New-York, Fiorello La Guardia, » Il n’y a pas une méthode démocrate et une méthode républicaine d’installer un égout“.
Barber recommande la formation d’un parlement mondial des villes, parce que les Etats-nations ne savent plus gouverner le monde. Un parlement mondial des maires fonctionnerait assurément mieux que toutes les instruments de gouvernance inter-étatiques parce que les maires savent résoudre les problèmes concrets des citoyens et qu’ils le font dans la recherche du consensus. Benjamin Barber constate que les Etats échouent à faire face aux problèmes de changement climatique et que les villes sont beaucoup plus innovantes et courageuses dans ce domaine. Barber considère aussi que les villes sont fondées sur l’échange : “Leurs relations sont basées sur la communication, le commerce , les transports et la culture. Ils sont relationnelles ».
Dans le même ordre d’idées, j’avais signalé il y a quelques mois le livre de Jean Haëntjens “Crises : la solution des villes“ que je vous recommande. La force de la démocratie locale est une idée qui progresse et c’est tant mieux.