De Plogoff à Notre-Dame-des-Landes

il-y-35-ans-plogoff-disait-non-au-nucleaire

(Post du 17 novembre 2016) – Le feuilleton de Notre-Dame-des-Landes continue. Dernier épisode en date : la cour administrative d’appel de Nantes a validé la légalité du projet ; le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que la reprise des travaux de l’aéroport interviendrait “dès que possible“ (il ne dit plus cet automne“), ajoutant qu’ “à ceux qui serait tentés de s’opposer au projet par la force, par la violence, ils doivent savoir que non seulement de tels actes sont passibles de poursuites en justice, mais ils trouveront la détermination de l’État“. Depuis Marrakech où elle participait à la COP22, la ministre en charge de l’environnement et des transports Ségolène Royal a déclaré que “les associations se battent, les petits villages ruraux qui sont durement impactés par ces travaux se battent également“, précisant que “les communes qui vont être détruites par cet aéroport ont voté à 75 % contre cet ouvrage“. Ajoutons cette confidence du président de la République, qui avait lui-même lancé un référendum à l’échelle du département de Loire-Atlantique, rapportée par les auteurs du livre Un président ne devrait pas dire cela : “le plus probable, c’est que ce projet ne sera pas annulé mais ne verra pas le jour“. Quel sera le prochain épisode et surtout quelle sera la fin de l’histoire ?

Le dossier mal ficelé de Notre-Dame-des-Landes rappelle furieusement celui du projet de centrale nucléaire de Plogoff, dans le Finistère, qui avait empoisonné le débat politique de 1978 à 1981. Là aussi, l’État avait pour lui un débat public organisé dans la légalité et des enquêtes publiques positives mais il s’était heurté à une résistance farouche des communes concernées et à la mobilisation d’opposants très politisés, armés d’une culture de désobéissance civile plus forte que la légalité républicaine, Aujourd’hui, les opposants utilisent désormais le harcèlement juridique et toutes les possibilités de recours qui se sont fortement accrues depuis les années soixante-dix. L’absence de solution tient aussi à un affaiblissement de la parole de l’État qui a reculé récemment devant les “Bonnets rouges“ ou les manifestants contre le projet de barrage de Sivens, et à la cacophonie de l’exécutif.

L’épilogue de Plogoff et l’abandon du projet s’était écrit lors de l’élection présidentielle de 1981, le candidat François Mitterrand déclarant que Plogoff ne figurerait pas dans son plan nucléaire. Pour Notre-Dame-des-Landes, il y a fort à parier qu’on remettra les compteurs à zéro, en tournant définitivement la page après la présidentielle de 2017.

PS (15 décembre 2016) : Le nouveau Premier ministre Bernard Cazeneuve, se démarque de son prédécesseur sur l’urgence de l’évacuation de la zone. Interrogé le 14 décembre à l’Assemblée nationale, il a répondu : « Il faut être dans la méthode, dans l’efficacité, et il faut être sûr que l’opération que l’on conduit se déroulera sans violences, avec une véritable réussite et la possibilité pour cette infrastructure de se faire. C’est la raison pour laquelle, compte tenu de ce qui est le niveau de mobilisation des forces -vous pouvez l’ignorer, mais moi je ne peux pas l’ignorer parce qu’il y a une menace terroriste extrêmement importante à laquelle l’État doit faire face-, j’ai demandé au ministre de l’Intérieur de bien vouloir déterminer les conditions d’une opération pragmatique, efficace et qui permette de faire en sorte que cet aéroport puisse se faire ». Il est urgent d’attendre.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s