Habitat III : La reconnaissance des pouvoirs locaux

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La 3ème conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable, dite Habitat III (vingt ans après la conférence Habitat II d’Istanbul) qui s’est tenue à Quito (Equateur) du 17 au 20 octobre marque assurément un tournant dans la reconnaissance des pouvoirs locaux dans la gouvernance mondiale due à l’importance croissante du fait urbain. Le monde change rapidement. À l’époque d’Habitat I, à Vancouver en 1976, les deux tiers de l’humanité vivaient encore en milieu rural. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population vit dans les villes et la proportion sera de 60 % en 2030. Habitat III s’est conclu par l’adoption d’un “nouvel agenda urbain“, fixant les conditions d’un modèle de développement urbain durable.

Principale leçon de Quito : le monde a besoin d’une gouvernance locale forte pour gérer la complexité urbaine et relever les défis démographiques, sociaux, politiques, économiques et écologiques. Les villes ont un rôle majeur dans la création de richesse, l’amélioration du développement social et la lutte contre l’extrême pauvreté. Le “nouvel agenda urbain“ fixe des objectifs et fera l’objet de rapports réguliers tous les quatre ans au plus haut niveau en phase avec les ODD (objectifs de développement durable). Jusqu’à présent, à l’ONU, les États étaient peu partageux de la représentation des peuples, les collectivités territoriales étant classés et ne pouvant s’exprimer qu’au même titre que les ONG (organisations non gouvernementales). Les choses changent : dans les documents des Nations Unies pour Habitat III, les associations mondiales d’élus locaux sont pour la première fois citées et la Déclaration de Quito fait une référence explicite aux réseaux mondiaux de collectivités locales.

Cette déclaration de Quito dépasse les objectifs de principe pour aborder des thèmes concrets tels que la capacité des autorités locales à générer des ressources endogènes, en plus des nécessaires transferts des niveaux nationaux. Fait important, la déclaration mentionne l’accès à l’emprunt par les collectivités locales et le recours aux ressources internationales (banques de développement, fonds mondiaux…) ainsi que la participation de l’ensemble des acteurs de la ville à l’ensemble des étapes de production et gestion de la ville. L’autonomie financière et la démocratie locale peuvent nous sembler en France des conditions nécessaires et évidentes. Habitat III nous prouve qu’elles ne sont pas encore universellement partagées. Ce n’est qu’un début, continuons à militer pour la décentralisation réelle.

PS : à propos des pouvoirs locaux et de l’efficience de l’action publique locale, je recommande à ceux qui ne le connaissent pas encore l’excellent livre de Benjamin R. Barber, « Et si les maires gouvernaient le monde ? » dont j’avais déjà parlé et dont la traduction en Français est parue l’an passé (Editions Rue de l’Échiquier).

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