Hier, je participais à un débat à la radio avec Robert Colonna d’Istria, auteur du livre « Régions le grand gaspi », paru aux Editions du Rocher. Un livre qui porte un regard bien différent de celui que j’ai dans « Conseils régionaux la politique autrement », qui vient de paraître aux Editions du Secteur Public. Anne Gavini, l’animatrice de l’émission, Le bristrot de la vie, sur Radio Notre-Dame et le Réseau des radios chrétiennes de France, souhaitait que nous répondions à la question : les régions sont-elles trop dépensières ?
Le titre du livre de Robert Colonna d’Istria ne laissait pas d’ambigüité sur sa réponse. Il a d’ailleurs fait récemment la Une du Figaro Magazine avec un titre encore plus explicite : Régions, la grande gabegie. Comme dans tout bon débat qui se respecte, je me retrouvais donc dans le rôle de l’avocat de la défense et je tentais d’exprimer quelques convictions.
– ll n’y a pas plus de « gaspi » à l’échelon local qu’au niveau national. Au contraire, il y en a même moins, l’argent est mieux dépensé au plus près de son application. Pourquoi les régions dépensent-elles ? C’est parce qu’elles font plus de choses. Ce n’est pas une question de gauche ou de droite : on avait déjà reproché cela aux précédents présidents de régions lors du transfert des lycées. Les régions ont dépensé plus d’argent pour la construction et l’entretien des lycées que l’Etat, lointain, qui n’entretenait pas son patrimoine. De plus, les élus siégeant dans les conseils d’administration des lycées sont plus attentifs aux travaux et aux besoins de modernisation. Mais ils sont aussi plus contrôlés, ils sont sous le regard du citoyen. Ils ont une obligation de résultat.
– Si le prix des trains régionaux au km par habitant est plus élevé en Limousin qu’en Ile de France ou en Picardie, cela n’a rien de scandaleux. Il y a moins d’habitants et de voyageurs à Aubusson, Bellac ou Ussel qu’à Creil ou Juvisy. C’est est donc normal que le prix des trains régionaux au km par habitant y soit plus élevé, à moins qu’on décide de faire du Limousin un désert. C’est aussi pour cela qu’il faut une vraie péréquation financière entre régions riches et pauvres.
– Prenons garde à ne pas avoir un regard condescendant pour les élus locaux qui seraient des sortes de « schtroumpfs » inconséquents, saisis par la folie des grandeurs, qui se font construire des hôtels de région pharaoniques et dépensent sans compter l’argent du contribuable. De gauche comme de droite, ce sont la plupart du temps des citoyens de bonne volonté qui ne font pas n’importe quoi. A leurs côtés, il y a de l’expertise parmi les cadres et les chefs de service des conseils régionaux. Il y a aussi des organes de contrôle chambres régionales des comptes et Cour des comptes. Au final, il y a plus à dire sur la dérive financière du programme de l’Avion Rafale que sur le nombre d’options du véhicule de fonction du président de la Région Languedoc-Roussillon.
– Attention au poujadisme, la démocratie est une chose fragile et les gens qui s’engagent dans la cité méritent notre respect, quelle que soit la liste politique sur laquelle ils vont se présenter. Ils s’engagent au service du bien commun.
Bref, comme dirait Alphonse Allais, il faudrait mettre les villes à la campagne…
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