Revenu minimum garanti : utopie devenue réalité en Namibie

namibie.1275545565.jpg

C’est une information passionnante que me communique Juliette Soulabaille du Global Local Forum et je la transmets dès réception : La Namibie  est le premier pays où est mis en oeuvre un revenu minimum garanti sans condition contraignante. Le test est mené depuis 2008 dans le village d’Otjivero. Les premières évaluations sont très positives. A l’origine de cette innovation, les Eglises, les syndicats, des associations de jeunes et de femmes.

Dans une interview à la Frankfurter Rundschau reprise par Courrier international, le chercheur Herbert Jauch explique  la démarche : « Nous voulions un endroit où il ne se passerait rien pendant au moins deux ans : pas de programme de création d’emplois, pas de projet d’aide au développement, pas de rentrées financières. Il ne devait y avoir que le revenu minimum, soit 100 dollars namibiens (environ 10 euros) par personne et par mois. Otjivero était dans une situation tellement désespérée que nous avons pensé au début que le revenu minimum garanti ne servirait pas à grand-chose, hormis une légère réduction de la pauvreté. (…) Tout d’un coup, toute une série d’activités économiques sont apparues : une femme s’est mise à confectionner des petits pains ; une autre a acheté du tissu pour confectionner des vêtements ; un homme fabrique des briques… Le revenu minimum ne rend pas paresseux mais ouvre des perspectives. Et personne n’a dépensé cet argent pour s’acheter de l’alcool. »

Contrairement au microcrédit et à beaucoup de programmes d’aide au développement classiques, l’attribution d’un revenu minimum a un impact non seulement sur la production, mais aussi sur la demande. En Afrique, le pouvoir d’achat se concentre en général dans quelques centres, ce qui contraint les populations à quitter les campagnes pour les villes. Le revenu minimum garanti permet à des régions rurales de se développer, il crée des marchés locaux et donne aux gens l’espoir de devenir autosuffisants. A Otjivero, le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté est passé de 76 à 37 %. Avant l’expérience, près de la moitié des enfants étaient sous-alimentés, aujourd’hui ils sont moins de 10 % ; 90 % finissent leur scolarité, avant, ils n’étaient que 60 %. Et la criminalité a baissé. Pour le moment, cette opération est financée par des dons. Ses promoteurs font le tour du pays avec des habitants d’Otjivero pour convaincre les pouvoirs publics de généraliser l’expérience.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s