La médecine en réseau

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J’étais récemment à Caen pour animer une journée sur les conséquences de la loi HPST, Hôpital, patients, santé et territoires, à l’initiative de l’ANFH Basse-Normandie. Objectifs : comprendre les différentes composantes de l’organisation sanitaire, sociale et médico-sociale, comprendre la réforme et ses conséquences pour la gestion interne des établissements, intégrer les modifications de l’offre de soins sanitaire et médico-sociale. C’était l’occasion de mesurer comment les acteurs de la santé vivent la mutation du système hospitalier et plus généralement de la gouvernance de la santé en France, au lendemain de la loi Bachelot.  L’enjeu de la réforme est clairement de sortir du tout hospitalier, d’abord pour essayer de maîtriser les dépenses de santé, ensuite pour prendre en compte les évolutions thérapeutiques, télémédecine, hospitalisation à domicile. Bernard Tirel, enseignant chercheur à l’EHESP, l’Ecole des hautes études de santé publique de Rennes, a très bien expliqué l’évolution des établissements de santé en quarante ans. Que reste-t-il de la notion de service public hospitalier ? Au delà de l’hébergement, « on est passé d’une mission organique à des missions fonctionnelles », résume l’enseignant de l’Ecole de Rennes. Au centre du dispositif, se trouve l’agence régionale de santé qui organise et régule l’offre de soins et, dans l’hôpital, le directeur, fonctionnaire en charge d’une politique nationale qui a des comptes à rendre sur l’exécution de cette politique. Autour de l’hôpital, s’organise l’accès aux soins. Représentants du personnel et syndicalistes hospitaliers vivent mal cette réforme qui, pour eux, déstabilise l’organisation du travail et qui leur apparaît comme un avatar sanitaire de la RGPP avec ses réductions d’effectifs.

Les hauts fonctionnaires hospitaliers, les médecins mais aussi les responsables du secteur médico-social, ont en revanche bien intégré les logiques de la loi HPST, son fonctionnement contractuel, ses appels à projet, le nouveau rôle de chacun, professionnels de santé, patients et leurs représentants, élus locaux. La loi HPST encourage les coopérations de santé. C’est le concept des territoires de santé et des filières de prise en charge, avec l’émergence de coordinations entre collectivités territoriales et structures sanitaires, sociales et médico-sociales. Les frontières s’estompent entre les deux secteurs, hospitalier et médico-social. La médecine générale, organisée dans des pôles de santé ou des maisons de santé, retrouve de nouvelles missions. Sur le terrain, on voit bien qu’un paysage inédit se dessine, avec de nouvelles complémentarités qui s’organisent. Les communautés hospitalières de territoire (CHT) ne sont pas seulement des syndications hospitalières. L’hôpital se fait plaque tournante d’une nouvelle organisation des acteurs de santé. Les initiatives de groupement de coopération sanitaire en télésanté, en santé publique, en prévention, par filières sectorielles, augurent bien de cette médecine en réseau qui se déploie sur les territoires.

Illustration : Formation sur une station portable de télémédecine (source CNES)

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