On critique souvent le lobbying mais il existe de bons lobbys. Connaissez-vous Gérard Payen ? Président d’AQUAFED, Fédération internationale des opérateurs privés de services d’eau, il est aussi membre du conseil pour l’eau et l’assainissement du Secrétariat général des Nations-Unies. Cet ingénieur des ponts et chaussées, ancien président-directeur général du pôle eau de la Lyonnaise des eaux devenue Suez Environnement, n’a de cesse de transformer le droit à l’eau, en un droit concret et universellement reconnu. Comme il l’explique dans une tribune parue le 3 janvier dans le Figaro, l’ONU vient de donner au droit à l’eau et à l’assainissement un fondement juridique en droit international en déclarant qu’il fait partie du « droit à un niveau de vie suffisant » reconnu par plusieurs traités internationaux relatifs aux droits de l’homme.
Nos débats français sur la gestion déléguée du service de l’eau et de l’assainissement sont trop souvent plombés par des postures idéologiques. La France a développé une filière industrielle qui a donné naissance à de grands champions mondiaux dans le traitement et la distribution de l’eau. Leur légitimité est fondée surleur savoir-faire et sur les technologies issues des travaux de leurs équipes de recherche. Il faut avoir visité les laboratoires de ces grands groupes pour mesurer le niveau d’expertise de ces professionnels de l’eau. Même quand le service de l’eau et de l’assainissement est assuré en régie directe par la collectivité, on fait appel aux entreprises et à leurs filiales d’ingénierie. Ce secteur économique y trouve son équilibre, quels que soient les modes de gestion choisis en fonction des circonstances, des histoires locales et des particularités des territoires.
L’ONU fixe donc une nouvelle règle du jeu : « l’eau doit être potable, accessible, disponible, d’un coût abordable et fournie sans discrimination aucune. Le droit à l’eau ne réclame pas la gratuité de l’eau, mais le caractère abordable de son coût pour chacun, ce qui peut être assuré par des politiques tarifaires ou fiscales adaptées aux revenus des ménages, » explique Gérard Payen. « Elles peuvent aller jusqu’à la gratuité de l’eau pour les plus démunis. Dans la même résolution, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a clos les polémiques sur la compatibilité du travail des entreprises privées avec le droit à l’eau potable. Il confirme officiellement que les pouvoirs publics ont toute latitude de mobiliser des opérateurs privés, publics ou des ONG pour la mise en œuvre du service public de l’eau potable. »
(illustration FreeBirD®)