La grande misère des musées français

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Le succès de l’exposition Monet qui a accueilli plus de  900.000 visiteurs à Paris ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. « Trop de musées sont en situation de grande précarité », déclare Christophe Vital, président de l’AGCCPF, l’Assemblée générale des conservateurs de collections publiques de France qui vient de publier un livre blanc sur la situation alarmante des musées de France. Dans une interview à la Lettre du Secteur Public , ce conservateur explique que « 60 % des établissements n’emploient pas plus de 4 agents, 73 % ont moins de 30.000 visiteurs par an. Le coût moyen des expositions au Grand Palais est de 2,4 millions d’euros, contre dix fois moins en région. Cette économie de marché gagne le secteur et le fragilise. Sur les 400 millions d’euros attribués par le ministère de la Culture aux musées, seulement 10 % vont aux musées territoriaux. »

Les conservateurs de musée sont inquiets. Ils estiment que dans le contexte économique et financier actuel, le secteur culturel est plus vulnérable et les musées sont les premiers touchés par les restrictions budgétaires. Les réformes successives font que l’État a moins de poids et de pouvoirs sur les musées. Enfin, la réforme territoriale soulève beaucoup d’interrogations. « Si je prends l’exemple des conservations départementales, on ne sait pas ce qu’elles vont devenir dans le futur champ de compétences des départements », constate Christophe Vital, « il y a 1.200 musées, labellisés « musées de France », selon la loi de 2002. Cela constitue un maillage important pour nos territoires. Mais cela correspond à une grande diversité. C’est à la fois la richesse et la faiblesse des musées, avec la différence entre les grands musées dotés de moyens importants et des petits musées qui ont peu de moyens et un nombre de visiteurs très faible. »

Autre motif d’inquiétude : on ne forme pas assez de conservateurs et de personnels qualifiés. « Nous allons assister à des départs massifs en retraite et ces personnels ne sont pas remplacés, on ne forme pas assez de conservateurs. Il faut que l’État fasse respecter la loi dans le domaine des recrutements. Nous demandons aussi que l’État redéfinisse son rôle, ait une action péréquatrice pour que des musées qui sont actuellement en souffrance, notamment dans des villes moyennes, fassent l’objet d’un soutien sous forme contractuelle. On s’intéresse peu aux coulisses des musées, on privilégie les expositions aux dépens des réserves et de la conservation des collections », conclut le président de l’ AGCCPF.

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