C’est un mauvais coup pour le projet de Grand Paris Express. Les crédits nécessaires à la construction de la première tranche du futur métro ne sont pas inscrits dans la loi de programmation budgétaire. La dotation en capital d’un milliard d’euros pour la Société du Grand Paris qui devait servir à financer le premier tronçon entre le pont de Sèvres et Noisy-Champs a disparu. Emoi à la Région Ile de France, surprise de son président, Jean-Paul Huchon, par ailleurs président du Syndicat des transports d’Ile de France (STIF), colère de Valérie Pécresse, chef de file de l’opposition UMP au conseil régional. Officiellement, le cabinet de la ministre Cécile Duflot répond ce matin dans les Echos que « ce milliard n’est pas dans la loi de programmation mais il n’y avait aucune urgence car cet argent n’est pas nécessaire avant 2015 ou 2016 ». Une mission sur les priorités concernant les projets d’équipements sur tout le territoire est en cours et « les décisions financières seront prises ensuite. »
Le métro de rocade Grand Paris Express est la colonne vertébrale de l’aménagement de la métropole parisienne. Un million de Franciliens supplémentaires sont attendus d’ici 2025. Autour des 72 futures gares des quatre lignes du futur métro express, des contrats de développement territorial (CDT) ont été signés ou sont en préparation entre l’Etat et les communes. 70.000 constructions annuelles de nouveaux logements sont prévues en visant une part de 30 % de logement social dans le parc à l’horizon 2030. Ce projet ambitieux, lancé par Nicolas Sarkozy veut faire entrer la métropole parisienne dans le XXIème siècle, doit lui permettre de conserver son statut de ville-monde et surtout devient nécessaire pour décongestionner la capitale qui risque l’embolie avec un réseau de transports urbains vieillissant et inadapté.
Cécile Duflot, alors conseillère régionale, avait manifesté son opposition au projet Grand Paris. Nommée ministre de l’Egalité des territoires, elle s’est engagée à soutenir le projet en déclarant fin juin 2012 : « Comme l’a annoncé le Président de la République, le gouvernement souhaite maintenir et poursuivre le projet du Grand Paris Express (…) En devenant ministre du Grand Paris, je suis devenue dépositaire de ce succès. » Elle ajoutait toutefois que « Le Grand Paris, ça ne pourra pas être Dubaï sur Seine » et qu’il plus faudrait être plus attentif aux préoccupations des élus, et des habitants. Certains élus franciliens doutent aujourd’hui de l’engagement de la ministre, l’accusant de soutenir le projet comme la corde soutient le pendu. Un autre élu fait le parallèle entre les militants verts hostiles à la règle d’or budgétaire et leur ministre qui se déclare solidaire du gouvernement sans se prononcer sur le fonds. La situation pourrait devenir difficilement tenable politiquement. Après la suspension du Canal Seine-Nord, on avait déjà été surpris du silence de la ministre en charge de l’aménagement du territoire, se souvenant seulement de son opposition à ce grand chantier quand elle était dans l’opposition. Ce ne serait pas le moindre de paradoxe pour une responsable écologiste de ne pas défendre des projets de transports alternatifs, sauf à refuser le développement économique et humain qui les sous-tendent.
Plus simplement, l’impasse budgétaire devant laquelle est le gouvernement Ayrault explique la non inscription du projet dans la loi de programmation budgétaire. En 2009, Gilles Carrez, alors rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, avait bien montrer les difficultés de financement du Grand Paris Express. Il avait toutefois proposé un plan et un échéancier que Maurice Leroy, alors ministre en charge du Grand Paris, avait vaillamment défendu avec succès. On se souvient de l’intérêt qu’a fait naître le projet du Grand Paris parmi les habitants d’Ile-de-France (l’exposition sur les projets architecturaux du Grand Paris à la Cité de l’architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot a battu des records), des espoirs aussi des usagers des lignes de RER saturés. Verront-ils un jour la réalisation du Grand Paris et de son métro express ? Certainement plus aux échéances initialement prévues.
Totalement incompréhensible : M. Huchon, avez-vous encore des amis au Gouvernement sensibles au développement du Grand Paris ? quand arrêtera-t-on de croire que l’aménagement du territoire repose seulement sur le développement de nos provinces ? le rayonnement international de la France passe aussi par un nouveau « statut » de Paris et c’est visiblement très mal parti…
J’aimeJ’aime
Observatoire Rémois du Bassin Parisien
Toute l’actualité du Grand Paris et du Bassin Parisien
http://www.orbp.fr
J’aimeJ’aime