Economies d’échelle, optimisation des moyens, efficience du service public, autant de mots magiques dont les responsables territoriaux voudraient constater les effets immédiatement après les avoir prononcés pour répondre à ceux qui dénoncent le coût de fonctionnement de l’intercommunalité. Hélas, la mutualisation est une démarche progressive, un long chemin, certes vertueux, qui prend du temps, oblige à combattre des inerties pour venir à bout de logiques d’acteurs qui ont tout intérêt au maintien des situations acquises. L’Association des maires de France et l’Assemblée des communautés de France ont eu la bonne idée de mutualiser leurs savoir-faire pour organiser une rencontre-débat sur la mutualisation des services dans le cadre de l’intercommunalité. Dans tous les témoignages que j’ai entendus pendant cette demi-journée de débats, je retiens qu’il n’y a de mutualisation réussie que si tous les élus des communes membres et les agents sont associées en permanence à la démarche. Le processus doit être en phase avec le projet du territoire. Il faut aussi faciliter la mutualisation par voie législative ou réglementaire en levant une série d’obstacles qu’a décrit Jacques Pélissard, président de l’AMF : rôle des CAP et CTP dans les transferts de personnels, règles d’imputation de la dépense de fonctionnement entre EPCI et communes, nombre de création d’emplois fonctionnels.
La loi de décembre 2010 sur la réforme des collectivités territoriales prévoit que les EPCI produisent d’ici 2015 des schémas de mutualisation. Une enquête récente a montré que plus de 80 % des présidents de communautés veulent agir dès maintenant en engageant la démarche avant la fin du mandat actuel. Les témoignages d’élus locaux et de responsables territoriaux montrent qu’il n’y a pas de recette miracle mais qu’il y a bien une méthode. Bruno Romolli, directeur général des services de la communauté d’agglomération et de la ville de Chalon-sur-Saône (39 communes, 103.000 habitants, Saône-et-Loire), explique que sur son territoire, il n’y a plus de différence entre les services de la ville-centre et ceux de l’agglo. Pour y parvenir, les élus ont su intéresser l’ensemble des communes membres à cette mutualisation. Cela est passé par une série d’outils partagés comme la création d’un groupement de commandes ouvert à toutes les communes avec les économies de gestion à la clé. Mais il a fallu aussi aligner par le haut le régime indemnitaire des agents, harmoniser ratios et quotas d’avancement, renégocier l’affiliation de la communauté au centre de gestion. Pour ce DGS, « la mutualisation ne peut pas être qu’un instrument d’économie budgétaire, » et il ajoute aussitôt : « je sais que les économies viendront, je réponds en non dépense et je constate que mutualiser c’est faire monter en productivité l’ensemble des services. » Mise à disposition de personnel, création de services communs, partage des fonctions supports telles que les services juridiques, RH, finances ou informatiques, chaque territoire a sa porte d’entrée dans la mutualisation. Marie-Josèphe Hamard, présidente de la communauté de Pouancé-Combrée (14 communes, 10.000 habitants, Maine-et-Loire), constate qu’ « il n’y a pas de schéma qu’on peut calquer d’un territoire à l’autre ». Jacqueline Gourault, présidente de la commission intercommunalité de l’AMF, signale ce qu’il faut éviter : « la mutualisation, c’est souvent la ville-centre et l’agglo ; les autres communes suivent comme elles peuvent. »
On se souvient qu’en 2005 la Cour des comptes avait produit un rapport très critique sur les coûts de fonctionnement de l’intercommunalité. Depuis sept ans, la situation a bien évolué. Jean-Philippe Vacchia, conseiller-maître à la Cour des comptes qui coordonne le travail de la Cour avec les chambres régionales des comptes, constate que les effectifs des communes se sont stabilisés depuis 2010, même s’il faut faire la différence entre les effectifs et la masse salariale qui continue à augmenter sous les effets conjugués du GVT (glissement vieillesse-travail) ou de l’évolution du point d’indice. Conclusion du magistrat financier : « Les schémas de mutualisation sont tellement bien qu’il faudrait les rendre plus directifs encore en ce qui concerne les objectifs d’économies », et d’imaginer des conventions d’objectifs entre l’Etat et les collectivités intégrant la maîtrise des dépenses publiques locales. L’heure est aux économies à tous les niveaux de l’intervention publique. « Nous entrons dans une nouvelle époque, » prévient le représentant de la Cour des comptes. Intervenant en conclusion des débats, la ministre Marylise Lebranchu, lui a fait écho indirectement en insistant sur l’ampleur inédite de la crise financière et sur les difficultés rencontrées par le gouvernement dans la préparation du budget 2013. Dans ce contexte, même si les élus répètent que la mutualisation n’est pas un instrument d’économie budgétaire, elle va y ressembler de plus en plus furieusement. N’en déplaise à ceux qui critiquent une approche comptable de la mutualisation et opposent aux tenants des économies de fonctionnement, une intercommunalité, locomotive de l’économie locale à travers les nouveaux services qu’elle développe.
Bonjour Monsieur Dumonteil,
Je suis une employée EUROCONTROL, rattachée au Directeur de la gestion du Réseau (Directorate Network Management). Parmi les enjeux de la gestion du traffic aérien au niveau européen, l’efficacité économique est essentielle, et la mutualisation un des moyens de l’améliorer.
EUROCONTROL s’efforce d’y contribuer en partenariat avec les services nationaux de controle aérien, les compagnies aériennes et les aéroports.
Nous avons trouvé très parlante l’image qui illustre la mutualisation sur votre page http://jeandumonteil.blog.lemonde.fr/2012/09/12/intercommunalite-le-long-chemin-de-la-mutualisation/.
Nous autoriseriez-vous à l’utiliser dans nos présentations à nos partenaires SVP?
Merci d’avance pour votre réponse,
Sabine Cayre
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