Un emploi + un logement = une nouvelle vie. Le conseil régional d’Auvergne a des idées. En ce moment, il propose avec Pôle Emploi 200 offres d’emploi avec logement offert, tous secteurs d’activités et niveaux de qualification confondus, et 100 offres de reprise d’entreprise avec un accompagnement sur-mesure. Cela se passe dans le cadre de l’opération New DEAL Auvergne Nouveau Monde mise en œuvre par l’Agence des Territoires d’Auvergne. Depuis sa création, le dispositif New DEAL a déjà séduit 2.500 candidats. La région fait valoir ses avantages concurrentiels : 1.666 euros le m2 pour un logement (prix d’achat moyen à Clermont-Ferrand) contre 8.340 euros à Paris, 1,7 équipement culturel pour 10.000 habitants, contre 1,3 en Ile de France, 27% de la région couverte par des parcs naturels régionaux. Les responsables auvergnats veulent nous convaincre qu’on vit mieux à Saint-Flour, Issoire ou Commentry qu’à Clichy-sous-Bois ou Montfermeil.
Qu’en pense la ministre du logement et de l’égalité des territoires ? Alors que le logement manque en Ile de France, les petites villes de province ont beaucoup de logements vacants, de la place dans leurs écoles pour accueillir les enfants et dans les maisons de retraites pour vieillir au pays. Et l’Agence des Territoires d’Auvergne nous confirme qu’il y a aussi des emplois à occuper et des entreprises à reprendre. À la différence de ses voisins européens, la France se caractérise par un maillage territorial constitué de petites villes et de bourgs ruraux où l’offre des services (services publics, écoles, commerces, professionnels de santé, équipements culturels et de loisirs) est restée de bonne qualité.
Il y a quelques années, la région Limousin avait pris l’initiative d’organiser une foire aux nouveaux habitants. Cela a permis des reprises de commerce dans des chefs-lieux de canton et a évité, avec l’arrivée d’une famille, la fermeture de classes dans les communes rurales. Mais cette expérience défensive demeure limitée. Celle de l’Auvergne connaîtra-t-elle plus de succès ? Les derniers recensements de population ont montré que les départements d’Auvergne et du Limousin avaient un solde démographique positif pour la première fois depuis la fin de la première guerre mondiale, hémorragie humaine qui avait amorcé la désertification rurale. Comment imaginer l’avenir du monde rural demain ?
Récemment, un rapport de la sénatrice de la Creuse Renée Nicoux (PS), maire de Felletin, produit avec son collègue Gérard Bailly (UMP, Jura), ouvrait des pistes pour permettre aux campagnes de s’inscrire, au cours des trois prochaines décennies, dans un scénario de développement optimal. Les sénateurs plaidaient pour un bon emboîtement des stratégies territoriales avec les objectifs nationaux. Un autre rapport, piloté par Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France, a été consacré aux territoires numériques de la France de demain. “Avec les technologies numériques et internet, une partie de la conception, de la fabrication et de la circulation des biens est dématérialisée. La production d’échanges et d’intelligence collective peut désormais pour partie se passer de la ville“, indique Claudy Lebreton, “symétriquement, c’est la représentation que nous nous faisons du non-urbain qui se transforme“. C’est dans les territoires où se concentrent les inégalités – territoires prioritaires de la politique de la ville, zones hyper-rurales, villes petites et moyennes frappées par la désindustrialisation – sans doute plus qu’ailleurs que les technologies de l’information et de la communication ont un rôle fondamental à jouer. Développement économique, valorisation du patrimoine, accès à la santé, à l’éducation, aux services publics : dans tous ces domaines, les technologies numériques sont des outils précieux pour dépasser la dichotomie urbain-rural et offrir de nouvelles opportunités à tous les territoires. Claudy Lebreton faisait 22 propositions parmi lesquelles l’urgence de développer massivement le télétravail. Tout cela nécessite un accès généralisé au très haut débit d’ici dix ans.
Alors, sortons ces rapports des tiroirs pour mettre en place avec les collectivités territoriales, à l’exemple de la région Auvergne, mais aussi avec le réseau des associations d’élus locaux dynamiques telles que l’APVF, Association des petites villes de France, ou la FVM, Fédération des villes moyennes qui se revendique comme la Fédération des villes d’équilibre, cette nouvelle politique d’aménagement du territoire.