Je ne connais par le maire de Nevers mais c’est assurément un homme courageux. Il a décidé de restructurer son patrimoine scolaire et envisage la fermeture de six écoles. Depuis le début des années 2000, Nevers (35.000 hab.) a perdu 6.000 habitants et l’inspection académique a supprimé 46 classes. Dans ce contexte, le nouveau maire Denis Thuriot (sans étiquette) a lancé un plan de restructuration du patrimoine scolaire. La fermeture de six écoles en deux ans est programmée. Pour le maire, ce plan correspond à un impératif de bonne gestion : « Si les Neversois souhaitent maintenir le nombre actuel d’écoles, disproportionné par rapport au nombre d’élèves les fréquentant, la conséquence sera qu’il nous faudra augmenter les impôts locaux, pour pouvoir toutes les entretenir de manière décente et responsable et faire les travaux nécessaires de mise aux normes », déclare-t-il. Pour la seule mise aux normes de toutes les écoles, Nevers devrait investir près de 2 millions d’euros. Le plan prévoit des travaux importants sur certaines écoles : “moins d’écoles, mais des écoles en meilleur état, mieux équipées, plus confortables pour les élèves et les enseignants, sans surcharge des classes“, indique la municipalité pour répondre aux polémiques engendrées par cette décision. Une concertation est actuellement menée avec les enseignants, les parents, les syndicats et l’inspection académique. Le maire annonce aussi que la ville vendra les écoles pour lesquelles il n’y aura pas de réaffectation.
Trop de collectivités ont une mauvaise approche de leur patrimoine immobilier. À la veille des élections départementales, le département du Loiret a rendu publics les résultats d’une démarche originale d’estimation de son patrimoine. Le calcul a été fait – hors routes – à la valeur marchande du patrimoine et non pas à sa valeur nette comptable comme c’est habituel. 162 sites ont été évalués par le groupement SCET-IPFEC. Ces sites ont été réparties en neuf catégories (réserves foncières, bâtiments routiers, collèges, bureaux, châteaux, gendarmeries, bâtiments sociaux, forets et biens à disposition de l’État tels que préfectures ou tribunaux). Les experts ont évalué à la fois la valeur vénale et la valeur locative de ce patrimoine. Au terme de cet inventaire, on obtient un total de 232,350 millions d’euros pour la valeur de marché de ce patrimoine, soit deux fois moins que sa valeur nette comptable établie à 402 millions d’euros, et 14,7 millions d’euros pour la valeur locative. Les résultats ont été présentés le 12 mars dernier lors de la dernière session du conseil général. Selon Jean-Charles Manrique, directeur général des services, ce travail va permettre d’élaborer une stratégie patrimoniale plus pragmatique, la collectivité “ne va plus construire sans penser à une reconversion possible de ses sites“.
Autre exemple à suivre : le conseil municipal de Toulouse, qui vient de défrayer la chronique territoriale en décidant une hausse de 15 % des ses impôts locaux, a voté simultanément la vente de délaissés de voirie et de logements d’habitation louées à des personnes privées pour un montant estimé à 4 millions d’euros. C’est une première décision puisque la ville rose envisage de céder d’autres pans de son patrimoine bâti pour un montant estimé à 30 millions d’euros. Dans cette perspective, l’adjoint aux finances a déjà créé une cellule de valorisation du patrimoine. À l’heure de la rigueur budgétaire, ces cessions accompagnées d’une meilleure gestion du patrimoine constituent un gisement d’économies pour des collectivités plus habituées à faire des additions que des soustractions.