Lors des dernières élections régionales de 2010, le taux d’abstention au second tour était de 49,5 %. Les enjeux régionaux mobilisent peu les électeurs et le mode de scrutin de listes par circonscriptions départementales avec représentation proportionnelle à la plus forte moyenne se combinant avec une prime majoritaire rend difficile la compréhension du système pour nos concitoyens. Ajoutez à cela les fusions de régions qui éloignent le sentiment identitaire et un rendez-vous hivernal inusité qui n’est pas dans notre biorythme électoral (le dernier précédent remonte à l’élection présidentielle de 1965), il y a fort à parier qu’encore une fois, l’abstention sera le grand vainqueur des élections.
Le contexte post-attentats peut-il susciter une mobilisation citoyenne ? Rien n’est moins sûr car l’émotion patriotique actuelle ne comble pas le fossé qui se creuse entre les Français et leurs responsables politiques. Bien sûr, la campagne électorale semblait bien dérisoire au regard des événements tragiques qu’a connus la France le 13 novembre dernier mais la tournure des débats régionaux a encore obscurci les enjeux du scrutin. Les têtes de liste aux élections régionales se sont lancées dans une surenchère sécuritaire, bien loin des compétences des assemblées régionales. Tel leader promet de financer l’armement des polices municipales, un autre de reconstruire les hôtels de police. Le fait que ces promesses soient formulées par des candidats qui sont d’anciens ministres de la République laisse pantois. On peut espérer que ces candidats à la présidence de région savent que depuis la loi NOTRe du 7 août 2015, les conseils régionaux n’ont plus de clause générale de compétence. Leurs compétences sont limitées au développement économique, à la formation professionnelle, à l’aménagement du territoire, la formation professionnelle, la gestion des lycées et les transports. Dans ce cadre, ils pourront certes financer le renforcement de la sécurité des lycées, des TER ou des entreprises classées Seveso, mais on est bien loin du cœur de métier des régions et de ce que les élus régionaux pourront faire utilement pour leurs concitoyens.
Alors que les derniers chiffres du chômage font état d’une inquiétante augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, les propositions sur l’organisation de la formation professionnelle, le soutien aux entreprises et au tissu économique local restent inaudibles. Elles existent dans le programme de certains candidats mais font peu l’objet de débats. De même les nouvelles responsabilités des régions, issues de la réforme territoriale, pour le pilotage de plusieurs schémas d’aménagement qui seront désormais prescriptifs sont passées sous silence. Le débat démocratique est désespérément pauvre et tout effort de pédagogie, d’instruction civique, est absent. De tout cela l’autorité des institutions publiques, dont nous avons pourtant tant besoin en ces temps troublés, ne sortira pas renforcée.