Présentant les chiffres du déficit public 2015, le secrétaire d’État au budget, Christian Eckert, s’est félicité de sa baisse et il a salué les efforts positifs des collectivités locales dont les dépenses de fonctionnement progressent à un rythme bien moins élevé que par le passé et qui dégagent même un excédent de 700 millions d’euros en 2015. Leurs dépenses réelles de fonctionnement ont augmenté de 1,5 % en 2015 après 2,5% en 2014 (+1,5 % pour les dépenses de personnel en 2015 contre + 4,1 % en 2014). “Cette évolution traduit le fait que les élus locaux se sont emparés de la problématique de redressement des comptes publics de notre pays, qui les concerne autant que l’État et la sécurité sociale“, en conclut le ministre. Faux, rétorque le secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF) Philippe Laurent, maire de Sceaux : “cette réduction des déficits est la marque de la réduction de l’investissement local“. En écho, Jean-Michel Baylet, ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales a tweeté son désaccord avec son collègue Christian Eckert : « Affirmer que les finances des collectivités sont saines est un déni de réalité“.
Effectivement, la chute de l’investissement public local a été très forte en 2015, – 10 %, soit 4,6 milliards d’euros en moins dans l’économie des territoires. C’est une diminution beaucoup plus marquée que la traditionnelle inflexion qui accompagne le calendrier électoral au lendemain des municipales. La baisse des dotations est passée par là et comme nous l’avons souvent écrit ici, les élus locaux ont été au mieux attentistes, ou au pire, n’ayant plus d’élasticité sur la fiscalité locale, ils ont fait de l’investissement leur variable d’ajustement.
La hausse du point d’indice pour les traitements des fonctionnaires va encore alourdir les dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales. Par exemple, le maire de Lyon, Gérard Collomb, a calculé que, pour la Métropole de Lyon, l’impact de la revalorisation (+ 1,2% en deux temps d’ici février 2017) « s’élèvera à 4,1 millions d’euros en année pleine, alors même que la baisse des dotations atteint 57 millions d’euros » sur 2016. Pour la ville de Lyon, le coût de la mesure est de 3,4 millions d’euros alors que les dotations baissent de 13 millions. Comme l’ensemble des élus locaux, il demande que l’État allège la baisse des dotations en conséquence. Les “bons chiffres“ (guillemets indispensables car l’amélioration est toute relative) du déficit public inciteront-ils l’exécutif à lâcher du lest comme il vient de le faire avec le salaire des fonctionnaires ou avec la généralisation de la garantie jeunes ? Réponse au Congrès des maires prévu du 31 mai au 2 juin, où François Hollande est attendu.