L’optimisation de leur gestion immobilière reste un sujet encore neuf pour la plupart des collectivités territoriales et le moins qu’on puisse dire est qu’il y a de grandes marges de progrès. Le cabinet Deloitte vient de réaliser avec l’AdCF (Assemblée des communautés de France) une étude auprès des intercommunalités de plus de 45.000 habitants. Ces établissements publics possèdent un parc immobilier de 36 millions de m². L’enquête révèle la volonté des intercommunalités d’évaluer leur patrimoine, de mettre en œuvre des règles en matière de développement durable ou encore de structurer leur fonction immobilière, mais, dans une majorité de territoires, on en est au stade des bonnes intentions.
85 % des responsables des communautés qui ont répondu à l’enquête reconnaissent que l’immobilier public (incluant les actifs des communes) n’a pas été réduit du fait des transferts de compétences passés. Seulement 53 % des intercommunalités interrogées en ont réalisé l’inventaire et 18 % l’évaluation. 60 % d’entre elles envisagent de le faire. Certes, c’est une étape complexe pour le patrimoine public, mais elle est absolument indispensable. On se souvient que le département du Loiret a réalisé cette opération l’an passé avec une méthode inusitée dans le secteur public puisqu’il s’est livré à une estimation de la valeur vénale de ses bâtiments. 82 % des intercommunalités ont entrepris des démarches d’amélioration de la qualité des bâtiments et de leur performance énergétique, et 50% ont même établi des critères de développement durable avec des démarches de labellisation (HQE, LEED…) pour leurs nouvelles constructions et acquisitions. Elles expriment ainsi leur souci de responsabilité sociale et environnementale. Mais cela suffit-il ? Non, il faut aussi agir sur les économies de gestion.
Seulement 18% des intercommunalités ont mutualisé la gestion immobilière avec leurs communes membres et elles sont peu nombreuses à anticiper des réductions du parc global dans les années à venir. Elles affirment aussi leur attachement à la propriété : seulement 6 % d’entre elles ont recours à la location et 9 % envisagent de l’accroître alors que cette pratique est très usitée dans le secteur privé. De même, dans toutes les grands entreprises, il y a un directeur immobilier, alors que seulement 38 % des intercommunalités disposent d’une entité unique pour leur gestion immobilière (service immobilier et foncier, direction du patrimoine…) et parmi celles qui n’en sont pas dotées, peu l’envisagent. Trop de collectivités ont encore une culture très patrimoniale de leur immobilier. Il est temps de penser à gérer l’immobilier public local comme un actif à optimiser et dont les coûts peuvent être compressés.
Pour en débattre, je vous donne rendez-vous le 17 juin prochain au Palais des congrès de Paris où j’animerai une table ronde sur le thème « Bâtiments et territoires : des métiers et savoir-faire en mutation » dans le cadre du nouvel événement organisé par le Groupe Moniteur Bâtiments et territoires connectés.
Illustration : dessin de Pinel (2004) paru dans un dossier des Echos sur le métier de directeur immobilier.