Cohésion des territoires : les mots pour le dire

En 2012, le quinquennat précédent avait commencé avec l’invention d’un ministère en charge de l’égalité des territoires. Aujourd’hui, le gouvernement compte un ministère de la cohésion des territoires. Quel est le message politique qui est envoyé avec cette nouvelle appellation ? L’intitulé d’autres ministères est également très parlant, quitte à ne pas citer de grandes politiques publiques, ce qui n’a pas manqué de faire réagir les acteurs de certains secteurs. Ainsi, exit le ministère de la fonction publique. Les syndicats de fonctionnaires ont fortement réagi et le nouveau ministre de l’action et des comptes publics a dû immédiatement répondre, en rencontrant les représentants syndicaux au lendemain de sa nomination pour rassurer et expliquer que son domaine ministériel incluait bien sûr la fonction publique. Le rattachement à Bercy du budget et de la fonction publique n’est pas une nouveauté. En 2007, Eric Woerth avait été nommé ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique. Il est logique pour le nouveau président de préférer mettre en avant l’action publique que la seule fonction publique car, dans son programme, il a clairement indiqué qu’il souhaitait élargir le champ de l’action publique au delà du statut de fonctionnaire.

Voici donc la cohésion des territoires après l’égalité des territoires et un bref retour à l’aménagement du territoire dans le dernier gouvernement Valls, à la demande de son titulaire Jean-Michel Baylet. Selon le dictionnaire Larousse, la cohésion est “la propriété d’un ensemble dont toutes les parties sont solidaires“ ; c’est aussi “le caractère d’une pensée dont toutes les parties sont liées logiquement les unes aux autres“. Il y a bien une connotation de solidarité et de complémentarité mais elle n’exclut pas les différences, les inégalités, voire les discriminations qui peuvent être positives pour certains territoires. Si il n’a pas la force volontariste et verticale de l’aménagement du territoire, époque Datar, le concept de cohésion apparaît donc davantage comme un ciment destiné à combler la fracture territoriale.

Dans l’ordre protocolaire tout de suite après les ministères régaliens (exception faite du signal Nicolas Hulot), ce ministère est confié à l’élu breton Richard Ferrand, le premier des macroniens. Dans ces premières déclarations, il a indiqué que « les gens ont pris la mesure que derrière cohésion des territoires, il y avait l’aménagement du territoire, les collectivités locales, le logement et la ville ». Pour les collectivités, on attendra toutefois les décrets d’attribution car il n’est pas sûr que le ministre de l’intérieur, théoricien des métropoles et de la “conférence girondine“ laise lui échapper le pilotage de la Direction générale des collectivités locales, la DGCL qui est le bras armé de l’action gouvernementale. En attendant, la priorité affichée pour la cohésion des territoires est la première réponse apportée à la colère des électeurs des territoires en souffrance. Après les mots, les actes devront suivre.

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