Il faut comparer ce qui est comparable. Alors que la question de la baisse des dépenses publiques est au cœur de la campagne présidentielle, l’Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE) publie une note très instructive sur le poids des dépenses publiques comparé aux autres pays développés. Chez nous, les retraites, la santé ou l’éducation sont dispensées directement par les administrations publiques via des prélèvements obligatoires. Ailleurs, la dépense totale peut être aussi importante, voire plus, mais confiée au secteur privé.
En raisonnant à périmètres et services équivalents, tout financement confondu, les États-Unis sont le pays le plus dépensier pour les retraites et la santé avec 28,4 points de PIB. La France est à 25,5 points de PIB, seulement 2 points de plus que les Pays-Bas et l’Allemagne. De même, “la France se distingue des autres pays par son modèle social, sa démographie et son effort de défense qui impactent largement le niveau de sa dépense publique, elle n’affiche en revanche pas de singularité dans le recours à l’emploi public“, constatent les économistes de l’OFCE. La part de l’emploi public en France, quel que soit le type de contrat et d’activité, est de 20 %, soit un niveau légèrement inférieur à celui de la moyenne de l’OCDE, du Canada, du Royaume-Uni ou de l’Irlande et loin derrière les pays scandinaves. Le nombre de salariés du secteur non marchand est de 126 pour 1.000 habitants en France, équivalent à celui de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, mais inférieur à celui des États-Unis (131) et loin derrière les pays scandinaves, Norvège en tête (186). Ce qui fait la différence, c’est la proportion de salariés qui ont un statut de fonctionnaires : 60 pour 1.000 habitants en Allemagne, 44 au Royaume-Uni contre 82 en France.
Dans notre pays, la rémunération des fonctionnaires (y compris leurs pensions de retraite) représente 23 % de la dépense publique (12,9 points de PIB) mais elle a peu augmenté entre 1980 et 2015 (+ 0,4 point de PIB). Si l’on exclut les pensions versées aux fonctionnaires, les salaires des agents publics représentent 11 points de PIB, soit environ 20 % de la dépense publique, et ont augmenté de 0,1 point de PIB depuis 1980. Ce qui est préoccupant, c’est la baisse de l’investissement public de 0,8 point de PIB sur la même période. L’investissement public a été très impacté par la politique de redressement des comptes publics observé depuis la crise (- 0,5 point de PIB depuis 2008), devenant ainsi la variable d’ajustement de nos dépenses publiques. N’ayons pas de vision simpliste.