Depuis les élections municipales en 2014, près de 1.000 maires auraient quitté leurs fonctions, une hausse de plus de 30 % par rapport à l’ensemble de la précédente mandature (2008-2014). Cette augmentation spectaculaire a constitué le feuilleton de l’été. Pour de nombreux commentateurs, la réforme territoriale qui aurait vidé la commune de ses compétences au profit de l’interco et la baisse des dotations de l’État, seraient la cause de cette hémorragie. Certes, il y a un malaise chez les élus locaux mais les chiffres sont à préciser et les démissions seraient moins nombreuses qu’annoncées. Ce feuilleton sur les démissions de maire va trouver prochainement son épilogue puisque l’Association des maires de France (AMF) et la Délégation de l’Assemblée nationale aux collectivités territoriales de l’Assemblée nationale présenteront lors du prochain congrès des maires une étude commune pour mesurer l’ampleur du phénomène et ses causes réelles.
Il y a assurément une augmentation des démissions car les maires sont des Français comme les autres. Aujourd’hui, nos concitoyens divorcent davantage (plus d’un mariage sur deux) et ils zappent d’une activité à l’autre. Il n’y a rien d’étonnant que les maires de la génération 2014 aient des pratiques différentes des anciens élus qui avaient appris à durer et endurer dans leurs responsabilités. «Attention aux prophéties auto-réalisatrices», met en garde André Flajolet, maire de Saint-Venant et vice-président de l’association des maires de France. Je suis d’accord avec lui, craignant que les discours déclinistes sur la fonction de maire contribuent encore à décourager les élus locaux et produisent une baisse des vocations pour les prochaines échéances électorales de 2020.
La France a besoin de ses élus locaux. Ils sont bien sûr des acteurs indispensables de notre vie démocratique mais ils représentent aussi une bonne affaire pour les finances publiques comme le montre une note très récente du think tank Action publique XXI. La France compte plus de 608.000 élus locaux dont 204.000 perçoivent une indemnité de fonction qui est en moyenne est de 8.000 € par an, soit un coût total d’environ 1,6 milliard €. Sur la base de 5 heures par semaine d’exercice du mandat, cela équivaut à l’activité d’environ 86.800 temps plein d’agents public locaux, soit l’équivalent d’environ 3,2 milliards €.Pour les seules communes de moins de 1.000 habitants, cela correspond à 30.600 temps plein, un chiffre à comparer aux 74.000 fonctionnaires territoriaux dans les collectivités de cette strate démographique. Conclusion d’Action publique XXI : « le montant des indemnités versées aux élus locaux ne représente que la moitié de la valorisation de leur contribution au bien public ; ce qui est présenté comme un handicap du modèle français (le nombre supposé excessif d’élus locaux et notamment en zones rurales) est, en fait, une chance pour la vitalité de l’action publique en territoires ruraux. » CQFD.