La deuxième édition d’Innovative City Convention qui vient de se tenir à Nice a rencontré un grand succès. On y a parlé bien sûr technologies, smart grids, villes numériques et interconnectées mais on y a encore plus parlé de citoyenneté et d’usages. Comme l’indiquait Edzard Overbeek, vice-président de Cisco Services, « la technologie ne peut rien toute seule ». Les systèmes intelligents urbains deviennent de plus en plus collaboratifs dans la production des données et leur utilisation. Ce que Wikipédia a été à l’information encyclopédique, on le retrouve dès maintenant dans la gestion urbaine. Qu’il s’agisse de mobilité, d’énergie, de logement, ce sont les données fournies par les habitants des villes qui permettent de trouver des solutions simples à des situations de plus en plus complexes. On sait aujourd’hui anonymiser ces données et garantir confidentialité et respect des droits humains. Pour développer ces villes intelligentes, il faut aussi des élus locaux qui portent un projet pour leur territoire et exercent pleinement leur leadership. Au cours des débats d’Innovative City Convention, on a pu se rendre compte que l’articulation entre projets locaux et politiques nationales n’était pas toujours assurée. De même, la législation et la réglementation sont souvent en retard par rapport aux avancées technologiques. Et pourtant, pour survivre et se développer, les villes, toujours plus complexes, doivent s’adapter en permanence et ont besoin de systèmes intelligents. Cette gestion intelligente de la ville repose sur un écosystème dont toutes les composantes sont solidaires : on agit, par exemple, à la fois sur la production d’énergie, sur la mobilité et le logement, l’écosystème reposant sur la bonne utilisation des données et sur leur combinaison. À partir de cela, on sait aujourd’hui gérer des modèles prédictifs qui vont simplifier la mise en œuvre de grandes politiques publiques locales dans des domaines tels que la santé, les transports, la gestion de l’eau ou des déchets.
Quelle ville veut-on construire ? Les élus locaux venus de Corée (Busan), Russie (Skolkovo) ou Italie (Gènes) ont présenté leurs projets. Des représentants d’entreprises ont montré des réalisations. La ville intelligente diffère selon les pays et les continents, les défis et les projets des élus de Buzan ou de Gènes ne sont pas les mêmes. En Asie, c’est l’impératif d’une démographie galopante et en Europe l’adaptation de vieilles villes qui doivent rester inclusives. En ouverture des débats, le président du Comité économique et social européen, Henri Malosse, déclarait que « la ville est lieu de transmission, lieu de fraternité, il faut voir la ville inclusive comme un projet de société ». On rêve parfois de villes nouvelles dans lesquelles s’inventeraient les systèmes intelligents, mais « le vrai défi n’est-il pas de rendre intelligentes des villes existantes? », s’est interrogée l’ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour elle, « la valeur ajoutée est plus dans les usages que dans les équipements ».
Les modèles économiques des smart grids et autres systèmes intelligents ne sont pas encore totalement stabilisés mais les avantages sont connus et avérés : efficience, création de valeur, meilleure utilisation de la ressource. Michael Dixon, directeur général du projet d’IBM, Global Smarter Cities, a ainsi montré des exemples très innovants à partir de l’utilisation d’analyses prédictives. Le Comté d’Hamilton a pu réduire le décrochage scolaire de 25% avec l’analyse prédictive. En Allemagne, les sociétés d’électricité ont pu baisser leurs opérations de maintenance de 30% tout en augmentant la disponibilité de 95% par analyse prédictive. L’économie collaborative qu’on observe à l’échelon local dans la ville intelligente, existe aussi à l’échelle globale pour les entreprises spécialisées dans cette nouvelle économie, travaillant de plus en plus en réseaux. Charbel Aoun, vice-président smart cities de Schneider Electric, a parfaitement résumé le tryptique du nouveau modèle de développement de cette économie de la ville intelligente : Les citoyens au centre, la technologie comme catalyseur, et les entreprises comme partenaires de confiance.
Illustration : Nathalie Kosciusko-Morizet a introduit la séance d’ouverture d’Innovative City Convention