Voici un nouvel outil pour comprendre l’évolution de la commande publique et ses premiers résultats sont instructifs. L’AdCF (Assemblée des communautés de France) et la Caisse des dépôts ont annoncé la création du “baromètre de la commande publique locale“ pour mesurer les évolutions de la commande publique, à partir de l’analyse de l’ensemble des marchés publics réalisée par la société Vecteur Plus. Ce baromètre intègre la totalité des appels d’offres passés par le secteur public (collectivités et leurs établissements ou syndicats, État, bailleurs sociaux, opérateurs et délégataires de service public). Les commanditaires du projet annoncent un « baromètre trimestriel de la commande publique locale » pour mesurer les évolutions. Pour commencer, ils ont publié une analyse très complète sur la période 2012-2015 pour fait le point sur les secteurs concernés par la baisse généralisée de la commande des collectivités.
Le baromètre prend en compte toutes les prestations (investissement et fonctionnement, travaux neufs et rénovation, services, fournitures, ingénierie) et les différents champs thématiques (bâtiment, logement, voirie, scolaire, santé-social, eau-assainissement, culture et sport, aménagements urbains, transports, déchets, numérique, communication, aménagement économique et tourisme, déchets…). Il les analyse par région (l’Ile-de-France représente 20 % du total) et types de donneurs d’ordre (plus de 40 % de la commande publique imputables au bloc communal, intercommunalité et communes).
Sur la période 2012-2015, on enregistre une baisse de la commande publique de 13 milliards d’euros, baisse aggravée en 2014 pour cause de calendrier électoral. Mais, en 2015, on mesure une légère reprise de la commande publique de 2 % en valeur. Les analystes de la Caisse des dépôts veulent y voir une inversion de tendance. Cette reprise est due au bloc communal dont les marchés sont en hausse de 8 % en 2015 alors que les départements et les régions poursuivent leur baisse (- 11 %). Pour 2015, cette reprise est tirée par l’aménagement urbain alors que d’autres secteurs, tels que le traitement des déchets ou le numérique, continuent à baisser. Il faut aussi noter que la commande publique est tirée par les marchés de fournitures et de renouvellement. En clair, il y a moins de travaux neufs mais la commande publique se maintient. Cela signifie que les décideurs locaux ne sacrifient pas la maintenance de leurs équipements. Qu’ils y soient contraints par les mises aux normes imposées ou qu’ils le décident volontairement, c’est une bonne nouvelle pour le maintien de la qualité du service public local.
Un autre rapport paru cette semaine, l’étude annuelle de Standard & Poor’s sur les tendances financières des collectivités locales françaises, montre que les collectivités vont accroître leur endettement pour investir mais qu’elles ont parallèlement amorcé un ralentissement de leurs dépenses de fonctionnement. Elles devraient continuer à renforcer la maîtrise de leurs dépenses de fonctionnement au cours des deux prochaines années avec une hausse proche de 1,5 % en moyenne annuelle, alors que l’estimation était de 2 % d’augmentation en 2015 et la progression constatée de 3 % sur la période 2012-2014.