Pour une décentralisation “réelle“ de la formation professionnelle

ARF FormationsÀ l’issue d’une réunion avec la ministre du travail, Myriam El Khomri, les présidents de régions se “réjouissent“, selon un communiqué de l’ARF (Association des régions de France), de se voir confier le pilotage du plan gouvernemental de 500.000 formations aux chômeurs et aux jeunes sans qualification. Ont-ils raison de se réjouir ? Certes, ce plan de près       d’1 milliard d’euros vise à doubler l’effort de formation des chômeurs d’ici à la fin de l’année 2016. Ce sont donc des moyens nouveaux pour agir à l’échelon régional et c’est toujours bon à prendre en période de vaches maigres. Cela constitue aussi une opportunité pour les nouveaux exécutifs régionaux qui ont fait de la formation professionnelle et de la lutte contre le chômage une priorité de leur mandat.

Pourtant, il n’y a pas de quoi se réjouir car les spécialistes de la formation professionnelle savent que cet objectif pour 2016 de 500.000 formations pour les chômeurs ne peut pas être atteint. L’annonce-choc en avait été faite par François Hollande lors de ses vœux aux Français le 31 décembre quand il a promis qu’en 2016 « un plan massif de formation des demandeurs d’emploi sera lancé, 500.000 personnes de plus seront accompagnées vers les métiers de demain ». Depuis l’annonce présidentielle, le ministère du travail a rétropédalé : il ne s’agira pas de 500.000 chômeurs supplémentaires en formation, mais de « 500.000 actions de formation » supplémentaires, « une même personne pouvant entrer dans un parcours de formation et participer à deux ou trois formations ». L’accompagnement et la formation des chômeurs sont une priorité. La France forme seulement 10 % de chômeurs chaque année, moitié moins que l’Allemagne mais il faudra du temps pour mobiliser les formateurs et les structures à ce nouveau plan. Quelques esprits malins ont fait aussi remarquer que l’augmentation du nombre de formations pourrait faire passer de nombreux demandeurs d’emploi de la catégorie A du chômage à la catégorie D qui répertorie les personnes non tenues de rechercher un emploi parce qu’elles sont en formation, malades ou en convention de reclassement. De quoi inverser artificiellement et provisoirement la courbe du chômage à la veille de l’élection présidentielle.

Les régions s’engagent donc mais il faudra encore lever des points de blocage : il faut mettre en œuvre des conventionnements régionaux avec Pôle Emploi. Le diagnostic des besoins et des places vacantes de formation est aujourd’hui uniquement piloté par les Direccte et la DGEFP. Les régions veulent avoir leur mot à dire pour une meilleure analyse des besoins par territoire. Le double pilotage État-régions de la formation professionnelle a encore de beaux jours devant lui et les politiques d’emploi continuent à perdre en efficacité. À quand une décentralisation totale ? Contre le chômage, François Mitterrand avait dit : “on a tout essayé“. Visiblement non. On a pas encore essayé la décentralisation “réelle“ (comme l’égalité “réelle“).

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