La guerre des territoires n’aura pas lieu

cget

À les entendre, la fameuse formule de Jean-François Gravier, “Paris et le désert français“ serait devenue en 2016 “15 métropoles et le désert français“. La charge a été lancée par le géographe Christophe Guilluy dont nous avons souligné ici la virulence du propos dans son dernier livre Le crépuscule de la France d’en haut. Au fil des congrès et colloques de cette rentrée, le procès en hégémonie des métropoles continue à être instruit. Récemment, à Strasbourg, à l’occasion de la Convention nationale de l’AdCF, des voix se sont élevées comme celle du maire de Carhaix, Christian Troadec, pour dénoncer les fractures territoriales. Pour l’ancien leader des Bonnets rouges, “il n’y a plus d’aménagement du territoire, les territoires ruraux sont sacrifiés, on arrose où c’est déjà mouillé“. À juste titre, André Rossinot, président de la métropole du Grand Nancy et secrétaire général de l’Association France urbaine, lui a répondu en appelant à “tourner la page de la guerre des territoires“.

Plutôt que de se lancer dans une bataille stérile sur l’air du “c’était mieux avant“, il faut organiser les complémentarités entre territoires. Quand la Datar a lancé il y a cinquante ans le projet des métropoles d’équilibre, c’était justement pour irriguer le territoire français. En 2016, on a toujours besoin de locomotives régionales qui exercent des fonctions métropolitaines (Universités et recherche, aéroports, CHU…). Successeur de la Datar, le CGET a expérimenté des contrats de réciprocité (métropole de Lyon et Pays d’Aurillac ; métropole de Brest et Pays Centre-Ouest Bretagne…). Des projets très concrets sont élaborés entre ces territoires pour un développement commun. Le récent pacte État-métropoles voulu par le Premier ministre a pu donner l’impression d’un dialogue exclusif entre le gouvernement et les grandes villes, mais si on prend la peine de lire le document, on s’aperçoit que ce pacte renvoie à la responsabilité des métropoles par rapport aux autres territoires. Le pacte sera décliné localement en ce sens.

Au delà des métropoles, il faut compter sur la capacité des élus locaux à construire des projets communs de territoire. Les métropoles ne sont pas des îles. Les habitants sont mobiles, les créateurs de richesse sont pragmatiques. Par exemple, le dynamisme économique de la ville moyenne de Vitré ne s’est pas construit contre Rennes. Il est dû surtout à un bon maillage des communications et à la construction au long cours d’un système local solide, à l’initiative des leaders publics et privés de ce territoire.

Rendez-vous à Lyon les 7 et 8 novembre prochain pour les Rencontres Villes et Territoires urbains« Métropoles et Territoires : comment co-construire des complémentarités pour partager une dynamique de croissance ? », ce sera le thème du débat que j’animerai en ouverture des Rencontres Villes et territoires urbains, à Lyon lundi 7 novembre prochain. Participants au débat : Gérard COLLOMB, sénateur-maire de Lyon, président de la Métropole de Lyon, Pierre JARLIER, maire de Saint-Flour, président de la commission “Aménagement, urbanisme et habitat“ de l’AMF, Gaël PERDRIAU, maire de Saint-Etienne, Jean-Luc RIGAUT, président de la Communauté de l’agglomération d’Annecy, Johanna ROLLAND, maire de Nantes (sous réserve d’agenda) et Jean-Michel THORNARY, commissaire général à l’égalité des territoires (CGET).

 

Un commentaire sur “La guerre des territoires n’aura pas lieu

  1. La question reste bien celle de l’organisation des relations entre territoires :
    Les Métropoles sont une donnée, pour leur moteur économique notamment.
    La difficulté réside dans cette spécificité française de viles moyennes et territoires intermédiaires.
    Qui a désormais en charge les fonctions de péréquations et quelles adaptations à l’échelle nationale ?

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