La qualité de service public, victime du ras-le-bol fiscal

bvaPrès de deux Français sur trois préfèrent une baisse d’impôt plutôt que l’amélioration des services publics. C’est un enseignement inédit de la dernière livraison du baromètre des services publics BVA-Institut Paul Delouvrier qui, depuis 2004, mesure chaque année l’opinion des Français par rapport aux services publics. Pour la première fois depuis la création de ce baromètre, les Français arbitrent à plus de 60 % (63% contre 31%) en faveur d’une réduction des impôts plutôt qu’à une amélioration des prestations fournies par les services publics. En 2012, la proportion d’opinions était de 47 % contre 49 % à l’amélioration des services publics. Jamais l’opinion n’avait été aussi élevée et n’avait progressé dans de telles proportions : + 32 % en un an, un basculement lié, selon Gaël Sliman, directeur délégué de BVA, au “ras-le-bol fiscal et la prise de conscience de la nécessité de réduire les déficits“.

Dans ce sondage (réalisé du 05 décembre 2013 au 20 décembre 2013), la satisfaction des usagers des principaux services publics reste relativement élevée à 71% en moyenne sauf pour l’emploi, l’éducation nationale et la justice. La tendance à moyen terme est plutôt à la baisse à l’exception de la police et de la gendarmerie, seul domaine à progresser tous les ans depuis cinq ans. La satisfaction des usagers de l’Education a décliné de manière spectaculaire cette année, accélérant une tendance amorcée il y a plusieurs années (-10 points par rapport à l’année dernière et -20 points sur cinq ans). Autre enseignement de cette dernière enquête, les Français semblent changer leur regard sur les services publics. Tout d’abord leur acception même de la notion de service public poursuit son évolution vers un périmètre de plus en plus restreint (Etat et collectivités locales). Les grandes entreprises publiques sont citées 2 fois moins aujourd’hui qu’il y a 8 ans lorsque l’on évoque la notion de service public. La plus grande évolution est observée pour EDF deux fois moins spontanément associée à l’idée de service public entre 2005 et 2013. Seule La Poste reste à un niveau élevée (41 %).

Pour revenir à l’arbitrage de nos concitoyens en faveur de la baisse des impôts au dépens de l’amélioration des services publics, on avait déjà senti cette tendance dans les enquêtes d’opinion liées aux élections municipales qui placent systématiquement la maîtrise de la fiscalité parmi les priorités des Français. Les équipes municipales qui seront élues le 30 mars prochain réduiront-elles la voilure dans la qualité de service délivré aux habitants ? Des collectes d’ordures ménagères moins fréquentes, des horaires d’ouverture des services municipaux plus restreints ? Certaines mairies ont déjà amorcé ce type d’économies mais elles restaient jusqu’à présent marginales. Le mouvement risque de s’amplifier. Certaines collectivités ont aussi commencé à réduire les dépenses d’entretien qui ne se voient pas. C’est le cas de l’entretien des routes départementales dont la Fédération nationale des travaux publics dénonce la diminution importante. Depuis 2009, le taux de renouvellement annuel des couches de surface des routes est passé de 8 % en 2009 à 4 % en 2012. L’heure est à la recherche d’économies dans tous les domaines, mais compte tenu de la tendances longue de la dépense publique on risque d’avoir une diminution de la qualité des services publics sans pour autant obtenir une baisse de la pression fiscale.

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