Louvre-Lens, Pompidou-Metz : pas de réussite sans écosystème local fertile

 

C’est un cas d’école pour tous ceux qui s’intéressent au développement local. Les initiateurs du Louvre-Lens s’étaient inspirés de la fondation Guggenheim de Bilbao pour reproduire dans l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais la recette qui a fait le succès du musée basque espagnol. Hélas, le projet français est un échec, faute d’écosystème local porteur. Le Centre Pompidou à Metz résiste mieux car il est dans une dynamique de développement urbain.

La fréquentation du musée Louvre-Lens est en berne. Au moment de l’ouverture en 2012, l’objectif de fréquentation était de 500.000 visiteurs par an. La région Nord-Pas-de-Calais (aujourd’hui Hauts-de-France après fusion avec la Picardie) a investi plus de 100 millions d’euros pour ce musée et dépense 10 millions en fonctionnement par an sans compter les aides de la communauté d’agglo Lens-Liévin et du département. La fréquentation du musée a certes augmenté de 2,2 % en 2016 pour atteindre 444.600 visiteurs mais ils sont majoritairement gratuits à l’instigation des collectivités. 63 % du public vient de la région malgré la vaste zone de chalandise de la région transfrontalière. Ceux qui se sont rendus à Lens (et qui ont voulu y séjourner) comprendront aisément pourquoi le Louvre-Lens ne décolle pas. L’ancien bassin minier n’a pas la culture de développement économique de la ville basque. Une récente mission interministérielle déplorait la faiblesse de la gouvernance et l’absence de synergies entre acteurs économiques et publics. Les transports publics qui conduisent au musée sont très insuffisants, l’offre hôtelière minimum, le commerce local déprimé et l’environnement local peu valorisé. Il ne suffit pas de poser au milieu de nulle part un équipement culturel avec une marque de renom pour faire décoller le développement local. Il faut un projet de territoire et des acteurs locaux pour le porter.

Un autre exemple français est heureusement plus réussi. Le centre Pompidou à Metz est installé dans un nouveau quartier, cœur de ville, à côté de la gare, avec bientôt un palais des congrès et une programmation adaptée aux publics. Ajoutons que le geste architectural est plus fort à Metz et à Bilbao que la discrète architecture de verre de Lens qui n’envoie aucun signal.

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